Léa Salamé, nouveau visage du 20h de France 2 : entre excitation, critiques et pari audacieux
Le 1er septembre prochain marquera un tournant majeur pour France Télévisions et pour Léa Salamé elle-même. La journaliste, déjà figure emblématique du paysage médiatique français, s’apprête à s’installer derrière le bureau du journal de 20h de France 2, un rendez-vous solennel et scruté par des millions de téléspectateurs. Une décision qui suscite autant d’attentes que de doutes, et dont la promotion, lancée avec humour, a déjà divisé les internautes. Retour sur une arrivée qui fait couler beaucoup d’encre.
Un départ et une succession scrutée de près
Lorsque Anne-Sophie Lapix a annoncé son départ du 20h, la question de sa succession a immédiatement agité les rédactions et les réseaux sociaux. Son style incisif, à la fois élégant et pugnace, avait marqué le JT. Qui pourrait prendre le relais sans affadir ce rendez-vous phare ?
Le nom de Caroline Roux avait circulé un temps, logique tant la journaliste incarne elle aussi la rigueur et l’expertise politique. Mais c’est finalement Léa Salamé qui a été choisie par la direction de France Télévisions. Une décision qui n’a pas été prise à la légère : la journaliste franco-libanaise, connue pour son franc-parler, sa curiosité et son goût du débat, a longuement hésité avant d’accepter.
« La vie est mouvement », aime-t-elle répéter comme un mantra. Quitter France Inter et la complicité de son binôme de la matinale, Nicolas Demorand, n’a pas été simple. Mais refuser le 20h, vitrine historique de la télévision française, aurait été difficile. Pour autant, Léa Salamé a posé une condition : conserver son émission du samedi soir, Quelle Époque !, son « bébé », qui s’est imposé comme un rendez-vous impertinent et populaire.
Une bande-annonce qui surprend
Pour préparer le terrain, France Télévisions a dévoilé, le 26 août, une bande-annonce promotionnelle censée mettre en appétit le public avant le grand saut du 1er septembre. Le teaser, volontairement décalé, met en scène la journaliste s’entraînant, partout et tout le temps, à prononcer la phrase rituelle du JT :
« Madame, Monsieur, bonsoir ».
Dans sa voiture, dans les couloirs de France Télévisions, à la cantine ou en salle de réunion, elle répète, varie les intonations, s’amuse. Autour d’elle, ses collègues lèvent les yeux au ciel :
« Non mais, il est 14h là… », lâche l’un d’eux, un brin désarçonné.
« Oui je sais, mais elle est comme ça depuis ce matin », ajoute un autre.
Une mise en scène légère, qui se conclut sur l’idée d’une journaliste perfectionniste et déterminée. Mais le ton, humoristique, n’a pas fait l’unanimité.
La Toile divisée
Sur les réseaux sociaux, les réactions ont fusé. Pour certains internautes, la démarche est rafraîchissante :
« Excellente pub ! Plaisante et qui ne se prend pas au sérieux. Bienvenue à Léa Salamé, je suis sûre qu’elle va faire un carton ! »
« Ma reine ! »
« Les rageux, vous n’en avez pas marre ? »
Pour d’autres, au contraire, ce choix de communication est une erreur stratégique :
« Je ne comprends toujours pas le choix de Léa Salamé pour le 20h et cette promo en est le parfait exemple. C’est un JT national, pas un talk-show. »
« Voilà le problème du journalisme de notre décennie : on met le journaliste avant l’info. On starifie les présentateurs et l’information passe au second plan. »
« Maintenant on fait la promo du JT comme d’une émission de divertissement. L’actualité n’est plus le cœur du rendez-vous, c’est l’ego du présentateur. »
Entre enthousiasme et rejet, la vidéo révèle un fait indéniable : le pari Salamé ne laisse personne indifférent.
Un défi personnel devenu argument de communication
Si le teaser joue la carte de l’autodérision, il s’inspire en réalité d’un défi personnel que la journaliste s’était lancé cet été. Lors de la conférence de presse de rentrée, Léa Salamé avait confié, mi-figue mi-raisin, être impressionnée par l’immensité du plateau du 20h, qu’elle comparait à une « cathédrale ».
« C’est un peu écrasant et stupéfiant. On se sent très seul, et il fait très froid, mais il y a de la joie », avait-elle déclaré. Puis, avec humour, elle avait révélé son projet estival :
« Je vais m’entraîner tout l’été à dire : ‘Madame, Monsieur, bonsoir’ devant ma glace. Il va falloir que je dise cette phrase sans rire. Ça va être mon challenge personnel, car jamais je ne pensais le dire un jour. »
Selon TV Magazine, elle aurait pris ce défi très au sérieux, répétant quatre à cinq fois par jour des JT fictifs. Depuis son retour de vacances, elle aurait déjà présenté une trentaine de journaux improvisés, pour s’approprier le rythme, le ton, la posture.
Une prise de risque calculée
Le pari de France Télévisions est clair : avec Léa Salamé, il s’agit d’injecter une dose de modernité et de singularité dans un rendez-vous parfois perçu comme figé. La journaliste apporte son énergie, sa notoriété et son sens de l’incarnation.
Mais le risque est réel. Le 20h est une institution où la neutralité et la sobriété sont souvent attendues. Or, Léa Salamé est connue pour ses prises de position, son style frontal et sa forte personnalité. Certains craignent que ce mélange n’aille pas de pair avec l’esprit du JT.
De son côté, la journaliste a déjà montré sa capacité à se réinventer. Après les débats politiques, les interviews de culture et de société, les matinées radiophoniques et les soirées télévisées, elle s’attaque au graal du journalisme télévisé. Une étape qui pourrait consacrer sa carrière… ou au contraire, ternir son image si le pari échoue.
Entre attentes et scepticisme
La question est donc ouverte : Léa Salamé sera-t-elle à la hauteur du 20h ?
Ses soutiens rappellent sa rigueur, sa curiosité et son talent pour incarner une émission. Ses détracteurs soulignent le danger de la personnalisation excessive et redoutent une transformation du JT en spectacle.
Ce débat révèle, en filigrane, une interrogation plus large sur l’avenir de l’information télévisée. À l’heure où les jeunes générations consomment l’actualité sur les réseaux sociaux et où la télévision doit se réinventer pour rester attractive, le choix d’une figure médiatique forte est-il un coup de génie ou une erreur de casting ?
Verdict le 1er septembre
Une chose est sûre : Léa Salamé prend son rôle très au sérieux. Entre répétitions acharnées, préparation méticuleuse et envie de bien faire, la journaliste se dit prête à relever le défi.
Reste à savoir comment le public réagira. Le 1er septembre, à 20h précises, des millions de téléspectateurs seront devant leur écran, certains avec bienveillance, d’autres avec sévérité. Son premier « Madame, Monsieur, bonsoir » résonnera comme une entrée en scène décisive.
Qu’elle réussisse à convaincre ou qu’elle alimente de nouvelles polémiques, Léa Salamé aura déjà accompli une chose : redonner au journal télévisé une visibilité et une dimension de débat qui, à elles seules, témoignent de l’importance de ce rendez-vous.