Anémone Giscard d’Estaing, veuve de l’ancien président de la République française Valéry Giscard d’Estaing, est aujourd’hui âgée de 92 ans. Malgré le poids des années, elle conserve une étonnante vitalité, toujours « bon pied, bon œil » comme elle aime à le dire avec un sourire malicieux.
Figure discrète de la vie publique, elle partage son existence entre deux lieux qui lui sont chers : Paris, où elle réside la majeure partie de l’année, et le château de l’Étoile, à Authon, dans l’Allier, une demeure familiale où elle se ressource depuis son enfance.
Ce château, véritable havre de paix, occupe une place particulière dans le cœur d’Anémone. Situé au milieu de vastes paysages verdoyants, il a vu défiler les saisons et les générations. Elle y a passé de nombreux étés, entourée de sa famille, goûtant à la sérénité des lieux et à la beauté simple de la campagne bourbonnaise.
C’est là qu’elle a appris, très jeune, à apprécier la valeur des traditions, la chaleur des liens familiaux et l’art de vivre à la française. Pour elle, l’Étoile n’est pas seulement une belle demeure historique : c’est un ancrage, un refuge, un fil invisible qui la relie à ses racines et à une certaine idée du bonheur.
Lorsqu’elle ne séjourne pas dans cet écrin de souvenirs et de nature, Anémone Giscard d’Estaing vit à Paris. Elle est domiciliée dans le 14ᵉ arrondissement, plus précisément dans le quartier de Montparnasse, un secteur animé qui conserve une atmosphère d’antan.
Montparnasse, avec ses cafés emblématiques, ses librairies et son âme artistique, offre un cadre de vie à la fois stimulant et chaleureux. Dans son appartement parisien, elle mène une existence discrète, loin du tumulte médiatique qui entoure encore parfois son nom.
Il fut un temps où elle a habité dans l’ancien hôtel particulier de son défunt mari, situé dans le 16ᵉ arrondissement, un lieu chargé d’histoire et de souvenirs. Pourtant, malgré ce passé prestigieux, elle a toujours préféré un mode de vie plus simple et moins contraignant.
Ce choix reflète son caractère indépendant et sa vision personnelle de la liberté. Anémone n’a jamais été attirée par les fastes du pouvoir, ni par la vie mondaine que la fonction présidentielle de son mari aurait pu lui imposer.
Un détail illustre parfaitement cet état d’esprit : elle n’a jamais posé ses valises à l’Élysée. Pendant les sept années où Valéry Giscard d’Estaing a exercé la présidence de la République (1974-1981), elle n’a pas souhaité habiter le palais présidentiel. Elle explique cette décision avec une franchise rare :
« Aucune envie d’y mettre les pieds. Beaucoup trop de contraintes. » Pour elle, la vie à l’Élysée représentait un carcan, un univers où la liberté personnelle se trouve étouffée par les obligations protocolaires et la surveillance constante. En restant dans son cadre de vie habituel, elle a préservé son indépendance et sa tranquillité.
Ce choix, qui a surpris à l’époque, témoigne d’un tempérament affirmé et d’une volonté de rester maîtresse de sa vie. Contrairement à certaines Premières dames qui ont embrassé le rôle officiel avec ferveur
, Anémone Giscard d’Estaing a préféré rester en retrait, soutenant son époux sans pour autant se laisser enfermer dans un rôle public. Ce positionnement lui a parfois valu des critiques, mais il lui a également permis de rester fidèle à elle-même.
Aujourd’hui, à 92 ans, elle continue de mener une existence calme mais active. Son agenda n’est pas celui d’une personnalité publique saturée de réceptions et de dîners officiels,
mais plutôt celui d’une femme qui savoure les plaisirs simples : lire, entretenir son jardin au château, recevoir ses enfants et petits-enfants, ou encore se promener dans les rues de Montparnasse. Cette liberté, elle l’a conquise et protégée tout au long de sa vie.
Son quotidien parisien est ponctué de visites amicales et familiales. Ses proches apprécient sa conversation vive, sa mémoire intacte et sa curiosité toujours en éveil.
Bien qu’elle ait traversé les décennies au
x côtés d’un des hommes politiques les plus influents de la Ve République, elle n’a jamais perdu le contact avec la réalité ordinaire. Elle fait ses courses elle-même, se rend au marché, discute avec ses commerçants de quartier. Cette simplicité, rare chez une femme ayant côtoyé le sommet du pouvoir, inspire ceux qui la connaissent.
Anémone Giscard d’Estaing n’est pas du genre à se complaire dans la nostalgie, mais elle ne renie pas pour autant les grands moments de son passé. Les réceptions officielles, les voyages d’État, les rencontres avec des chefs d’État étrangers : tout cela appartient désormais aux souvenirs, soigneusement rangés dans l’album de sa vie. Ce qu’elle en retient, c’est l’importance de rester solide face aux tempêtes médiatiques et de préserver un espace personnel où l’on peut respirer.
Le château de l’Étoile, plus que jamais, reste ce lieu-refuge où elle aime se retirer. Elle y retrouve l’atmosphère apaisante des pièces aux meubles anciens, l’odeur du bois ciré, le bruissement des arbres centenaires.
Les allées du parc portent encore la mémoire des promenades avec son mari, des jeux de ses enfants, des repas pris sous la tonnelle en été. Ce patrimoine familial, elle le considère comme un héritage à transmettre, non seulement pour sa valeur matérielle, mais surtout pour les souvenirs qu’il contient.
Dans son rapport à la vie, on sent une philosophie tranquille : ne pas céder à la pression extérieure, choisir ses priorités, et protéger ce qui compte vraiment. Cette sagesse, forgée au fil des années, l’accompagne encore aujourd’hui dans ses choix. À l’âge où beaucoup se replient, Anémone reste tournée vers l’essentiel : sa famille, ses lieux de cœur, et le plaisir de vivre à son rythme.
Sa longévité et sa vivacité d’esprit en font un exemple d’élégance discrète. Ni recluse ni mondaine, elle incarne une forme d’équilibre rare. Entre la capitale et la campagne, entre le souvenir et le présent, elle a trouvé sa propre façon de traverser le temps. Et à 92 ans, alors que beaucoup se laissent envahir par la fatigue, elle continue de marcher d’un pas alerte, prouvant que l’on peut conjuguer âge avancé et joie de vivre.
Anémone Giscard d’Estaing n’a peut-être jamais voulu habiter l’Élysée, mais elle a su occuper dans la vie publique française une place à part, celle d’une Première dame à la liberté farouche, à l’élégance naturelle et au sens aigu de l’essentiel.