Eddy Mitchell choque avec ses propos sur Vianney : « Il a une tronche de…

Eddy Mitchell, figure emblématique de la chanson française, est connu pour son franc-parler légendaire. Depuis ses débuts, il n’a jamais eu peur de dire ce qu’il pense, même si cela doit froisser quelques sensibilités. Aujourd’hui octogénaire, il se fait rare dans les médias. Ses interviews sont distillées au compte-gouttes, mais lorsqu’il accepte de parler, ce n’est jamais pour remplir l’espace : chaque mot est choisi, chaque phrase a un poids, et ses déclarations ne laissent personne indifférent.

Récemment, dans un entretien accordé aux colonnes du Point, l’artiste, surnommé « la vieille canaille » depuis son célèbre projet avec Johnny Hallyday et Jacques Dutronc, s’est exprimé sur la scène musicale actuelle. Comme souvent, il n’a pas mâché ses mots, et c’est une partie de la nouvelle génération qui s’est retrouvée dans sa ligne de mire. Parmi eux, le chanteur Vianney, pourtant habituellement très apprécié du public et de la critique.

Interrogé sur ce dernier, Eddy Mitchell a lâché, avec le ton détaché qui le caractérise : « C’est une nouvelle Adamo. Il a une tronche de gendre idéal. » Une remarque qui pourrait sembler anodine, presque flatteuse pour certains, mais qui, dans la bouche de Mitchell, est teintée d’une certaine distance, voire d’une critique implicite.

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le chanteur palois se retrouve dans son viseur. Il y a quelques années déjà, Eddy Mitchell avait tenu des propos similaires, exprimant un manque d’adhésion à son univers musical.

Le constat de l’ancien membre des Chaussettes Noires est clair : il ne se reconnaît pas dans la scène musicale actuelle. « Je suis un peu trop vieux pour ça », admet-il sans détour. Pour lui, les artistes d’aujourd’hui sont « charmants et très polis », mais leur musique ne correspond pas à ses goûts.

Ce n’est pas une question de personnalité – il souligne d’ailleurs que Vianney est « un type charmant » – mais bien une affaire de style. « Les chanteurs ne chantent pas vraiment, ça manque de coffre », affirme-t-il, pointant du doigt ce qu’il perçoit comme une faiblesse vocale généralisée.

Et Vianney n’est pas le seul à avoir été visé. Juliette Armanet, l’une des figures montantes de la chanson française, a également eu droit à sa remarque peu flatteuse, tout comme Benjamin Biolay, artiste reconnu pour ses textes et son univers singulier. Pour Eddy Mitchell, malgré leurs qualités artistiques, ces chanteurs incarnent une approche de la musique qui ne lui parle pas.

Cette prise de position n’étonne pas vraiment ceux qui suivent sa carrière. Depuis toujours, Eddy Mitchell a affiché des goûts bien ancrés, hérités de sa passion pour le rock’n’roll, le rhythm and blues et la chanson à l’ancienne. Influencé par Elvis Presley, Ray Charles ou Chuck Berry, il défend une vision de la musique où la voix doit porter, vibrer, et où l’interprétation prime autant que la composition.

Lorsqu’il parle de « coffre », il ne fait pas seulement référence à la puissance vocale, mais aussi à la profondeur de l’émotion transmise. Pour lui, un chanteur doit « habiter » sa chanson, la vivre pleinement sur scène, et non se contenter de la chanter d’une voix douce et uniforme. Dans ses yeux, certains artistes contemporains misent trop sur l’atmosphère et pas assez sur la performance brute.

Il faut dire que la carrière d’Eddy Mitchell repose sur cette authenticité. Avec des décennies passées à arpenter les scènes, il a connu les grandes tournées, les studios mythiques, et a vu passer plusieurs générations de chanteurs. Il a survécu aux modes, refusé certaines compromises artistiques, et construit un répertoire qui traverse le temps. Cela lui donne sans doute ce sentiment de légitimité pour juger la relève, même si ses jugements peuvent sembler sévères.

Pour autant, ses critiques ne sont pas dénuées d’une certaine forme de respect. Il ne remet pas en cause le travail ou la sincérité des artistes qu’il cite. Il reconnaît leur talent, leur gentillesse, et leur professionnalisme. Mais il constate simplement qu’il n’adhère pas à leur musique, qu’elle ne provoque pas en lui l’émotion ou l’enthousiasme que suscitaient les chanteurs de sa jeunesse.

Certains y verront un simple fossé générationnel. La musique a changé, le public aussi. Les nouvelles technologies, les réseaux sociaux, les formats courts ont transformé la manière dont les chansons sont produites, diffusées et consommées. Eddy Mitchell, attaché à l’album conçu comme une œuvre complète et à la scène comme lieu de vérité, se sent naturellement plus éloigné de ces nouveaux codes.

Cependant, ses propos ont aussi une valeur de témoignage. Ils rappellent que la musique est faite de cycles, de goûts qui évoluent, mais aussi de repères qui restent. Pour un public fidèle à une certaine idée de la chanson, Mitchell incarne une exigence et une nostalgie d’une époque où la voix était reine et où chaque prestation devait marquer les esprits.

La sortie de cette interview a naturellement suscité des réactions. Certains internautes ont défendu les artistes cités, rappelant leur succès, leur diversité et leur capacité à émouvoir un large public. D’autres, au contraire, ont salué le courage de Mitchell de dire tout haut ce que certains pensent tout bas, regrettant une tendance actuelle à la douceur vocale au détriment de la puissance et de l’émotion brute.

Eddy Mitchell, fidèle à lui-même, ne cherche pas à plaire à tout le monde. À 80 ans passés, il n’a plus rien à prouver et continue d’exprimer ses convictions sans filtre. Ses déclarations, qu’on les partage ou non, ont le mérite d’ouvrir le débat sur l’évolution de la chanson française et sur ce que chacun attend d’un interprète.

En fin de compte, derrière ses piques se cache peut-être une simple vérité : la musique est d’abord une affaire de sensibilité. Et si la sienne ne se retrouve pas dans les voix de Vianney, Juliette Armanet ou Benjamin Biolay, elle continue de vibrer au son des guitares rock et des refrains puissants qui ont façonné toute sa vie.

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