Michel Cymes : « Quand jâen ai marre, jâarrĂȘte » â Les vraies raisons de la fin des Pouvoirs extraordinaires du corps humain
Pendant plus dâune dĂ©cennie, Les Pouvoirs extraordinaires du corps humain a rythmĂ© les soirĂ©es de millions de tĂ©lĂ©spectateurs sur France 2. Cette Ă©mission, animĂ©e par le mĂ©decin prĂ©fĂ©rĂ© des Français, Michel Cymes, et lâex-mannequin Adriana Karembeu, avait su trouver un juste Ă©quilibre entre rigueur scientifique, expĂ©riences spectaculaires et complicitĂ© sincĂšre entre ses deux prĂ©sentateurs.
Pourtant, aprĂšs onze annĂ©es de succĂšs, Michel Cymes a annoncĂ© la fin dĂ©finitive du programme. Deux ans plus tard, il revient sur les raisons de cette dĂ©cision radicale, qui rĂ©vĂšle autant son Ă©tat dâesprit personnel que sa conception de la tĂ©lĂ©vision.
Une émission emblématique de France Télévisions
Lorsque Les Pouvoirs extraordinaires du corps humain a Ă©tĂ© lancĂ©e, lâidĂ©e Ă©tait de proposer une Ă©mission Ă la fois Ă©ducative et divertissante, permettant au grand public de dĂ©couvrir les capacitĂ©s insoupçonnĂ©es de notre organisme. Quâil sâagisse dâexplorer les limites physiques dans des environnements extrĂȘmes, de comprendre les mĂ©canismes de la mĂ©moire ou dâanalyser le rĂŽle du microbiote, chaque numĂ©ro se voulait Ă la fois surprenant et instructif.
Aux cĂŽtĂ©s dâAdriana Karembeu, Michel Cymes a incarnĂ© ce mĂ©lange de sĂ©rieux et de dĂ©contraction qui a fait le succĂšs du programme. Elle apportait son regard curieux et accessible, lui, son expertise mĂ©dicale et son humour parfois piquant. Ensemble, ils formaient un duo complice et attachant, trĂšs apprĂ©ciĂ© des tĂ©lĂ©spectateurs.
Le choix dâarrĂȘter au sommet
Pourtant, en 2021, coup de tonnerre : Michel Cymes annonce quâil met un terme dĂ©finitif Ă lâĂ©mission. AprĂšs plus de dix ans de diffusion et des millions de fidĂšles, la dĂ©cision surprend. InterrogĂ© par TĂ©lĂ©-Loisirs, lâanimateur sâexplique sans dĂ©tour : « En onze ans dâĂ©mission, on a fait le tour de tous les pouvoirs du corps humain. Je pense que câest le moment de sâarrĂȘter. »
Cette dĂ©claration traduit une philosophie simple : ne pas sâenliser, ne pas tourner en rond et Ă©viter de rĂ©pĂ©ter des sujets dĂ©jĂ abordĂ©s. Avec la productrice, lâĂ©quipe avait toujours veillĂ© Ă choisir des thĂ©matiques inĂ©dites, capables de surprendre autant les tĂ©lĂ©spectateurs que les animateurs eux-mĂȘmes. Mais au fil des saisons, les possibilitĂ©s se sont rĂ©duites. Pour Michel Cymes, il valait mieux conclure lâaventure dignement plutĂŽt que de lâĂ©puiser.
Lâenvie de rester maĂźtre de ses choix
Au-delĂ de cette logique Ă©ditoriale, Michel Cymes exprime aussi une volontĂ© plus personnelle. Dans les colonnes de Gala, il confie ne plus vouloir ĂȘtre prisonnier de « grandes messes tĂ©lĂ©visĂ©es », ces programmes lourds et exigeants qui imposent un rythme effrĂ©nĂ©. « Je veux juste mâamuser et ĂȘtre maĂźtre de mes choix. Quand jâen ai marre, jâarrĂȘte », rĂ©sume-t-il avec franchise.
Cette attitude illustre bien son parcours. MĂ©decin avant dâĂȘtre animateur, Michel Cymes a toujours refusĂ© de se laisser enfermer dans un rĂŽle ou un format. Il a multipliĂ© les expĂ©riences, du Magazine de la santĂ© Ă AllĂŽ Docteurs, mais en gardant une ligne de conduite : rester libre, garder le plaisir intact, et savoir tirer sa rĂ©vĂ©rence avant la lassitude.
Aucune jalousie envers ses successeurs
InterrogĂ© Ă©galement sur la relĂšve, notamment Jimmy Mohamed, dĂ©sormais figure montante de la vulgarisation mĂ©dicale Ă la tĂ©lĂ©vision, Michel Cymes a tenu Ă prĂ©ciser quâil nâĂ©prouvait « aucune jalousie ». Au contraire, il dit avoir lui-mĂȘme contribuĂ© Ă son choix, avec Marina CarrĂšre dâEncausse, pour reprendre certaines Ă©missions phares. « Il est trĂšs bon », souligne-t-il, heureux de voir une nouvelle gĂ©nĂ©ration prendre le relais.
Cette absence de rivalitĂ© confirme encore une fois son Ă©tat dâesprit : Michel Cymes nâa rien Ă prouver, il nâest pas attachĂ© Ă la notoriĂ©tĂ© coĂ»te que coĂ»te, et prĂ©fĂšre sâĂ©loigner quand il juge que lâaventure a fait son temps.
Une complicité inoubliable avec Adriana Karembeu
Bien sĂ»r, la fin de lâĂ©mission signifie aussi la fin dâun duo qui avait marquĂ© les esprits. Avec Adriana Karembeu, Michel Cymes avait trouvĂ© une partenaire idĂ©ale : curieuse, sensible, et capable dâaccepter son humour parfois sarcastique. Leur complicitĂ© Ă lâĂ©cran Ă©tait rĂ©elle et donnait au programme une dimension humaine qui dĂ©passait la simple vulgarisation scientifique.
Michel Cymes reconnaĂźt cependant quâaprĂšs plus de dix ans, il avait tout simplement « eu assez ». « Avant de poursuivre lâĂ©mission avec Adriana Carambeu, pareil, jâen ai eu assez, jâai dĂ©branchĂ© », dit-il avec franchise.
Un choix fidÚle à sa personnalité
En rĂ©alitĂ©, ce choix radical nâa rien de surprenant pour ceux qui connaissent Michel Cymes. Il a toujours cultivĂ© une certaine indĂ©pendance, refusant de se laisser enfermer dans un confort mĂ©diatique. Pour lui, la tĂ©lĂ©vision doit rester un plaisir et une aventure stimulante, pas une contrainte ou une habitude. En dĂ©cidant dâarrĂȘter Les Pouvoirs extraordinaires du corps humain, il dĂ©montre une nouvelle fois sa capacitĂ© Ă Ă©couter son instinct et Ă assumer des choix qui peuvent sembler brusques mais qui, en rĂ©alitĂ©, sont profondĂ©ment cohĂ©rents.
Un héritage durable
Si lâĂ©mission nâexiste plus, son impact demeure. Pendant plus de dix ans, elle a Ă©veillĂ© la curiositĂ© de millions de Français, sensibilisĂ© Ă des enjeux de santĂ© parfois mĂ©connus, et montrĂ© que la science pouvait ĂȘtre accessible Ă tous. Elle restera comme lâun des programmes emblĂ©matiques de France 2 et comme une belle aventure humaine pour ceux qui y ont participĂ©.
En annonçant la fin des Pouvoirs extraordinaires du corps humain, Michel Cymes nâa pas seulement tournĂ© la page dâune Ă©mission Ă succĂšs : il a rappelĂ© son rapport Ă la tĂ©lĂ©vision, fait dâindĂ©pendance, de libertĂ© et de sincĂ©ritĂ©. FidĂšle Ă lui-mĂȘme, il prĂ©fĂšre « dĂ©brancher » plutĂŽt que sâuser ou trahir lâesprit initial dâun programme. Sa dĂ©cision, loin dâĂȘtre un abandon, apparaĂźt comme une leçon : savoir sâarrĂȘter au bon moment est parfois le plus grand signe de rĂ©ussite.