Ben Mazué revient avec l’album « Famille » : « C’est de ma faute… La sensibilité n’est pas nécessaire »

Ben Mazué revient avec l’album « Famille » : « On devient le parent qu’on aurait rêvé d’avoir »

Quatre ans après le triomphal « Paradis », dans lequel il racontait avec finesse sa séparation d’avec la mère de ses enfants, le médecin devenu chanteur ausculte sa famille.

Une silhouette se détache de la pénombre. Ben Mazué s’agite derrière sa boîte à rythme. « Gens de Paris, d’Île-de-France et d’ailleurs, bonsoir. Bienvenue chez moi », adresse-t-il à son public, principalement composé de femmes. Sur la scène du théâtre de l’Atelier, un décor d’appartement : sous une vingtaine d’abat-jour suspendus au plafond, un piano droit côtoie un canapé en cuir vert. « J’avais envie d’être complètement moi. Avec mes erreurs, mes excès et mes défauts, commente-t-il à propos de ce concert aux allures de one-man-show. Être à la fois conteur et chanteur. » Durant une heure et vingt minutes, on rit autant qu’on est ému.

Entre deux anecdotes, Ben Mazué dévoile une partie de « Famille ». Pour l’écriture de ce cinquième album, il s’inspire de ce qu’il observe, des « patterns » (motifs) qui se « reproduisent chez les uns et les autres ». On est plus dans la veine de Bénabar et ses « Quatre murs et un toit » que dans celle d’Orelsan et sa « Défaite de famille ». « Pour beaucoup, une famille c’est à la fois un espace qui sécurise et qui irrite. Ces similitudes, je les note sur mon téléphone. Certaines deviennent des chansons, d’autres finissent à la poubelle. » Il se lève, enjambe Tokyo, son chien, qui ne le lâche pas d’une semelle et attrape son smartphone. « J’avais pensé au mojo, aux couples infertiles… à la vie de Roger Federer aujourd’hui, rigole le Parisien. Je note tout. Et il y a vraiment de grandes absurdités. »

Ce n’est pas commun, mais Ben Mazué répond à notre interview en marchant dans les rues de Paris. Il promène son chien, siffle pour le rappeler à l’ordre.

Rien d’étonnant en fait car c’est aussi comme ça que l’artiste compose. En mouvement. Les mélodies lui viennent en tête, il les enregistre sur son dictaphone. Puis les retravaille minutieusement une fois posé.

Pas d’exception pour ce cinquième opus inspiré par la famille. Ou plutôt les familles. Le socle, celle des parents, des frères et sœurs, celle qu’on construit aussi, avec femme et des enfants. Puis l’autre famille choisie, celle des amis et des collaborateurs fidèles.

S’il est toujours dans l’introspection, Ben Mazué use moins du « je ». « J’avais envie d’écrire autrement, davantage sur l’expérience des autres que sur la mienne. »

Y compris à travers des sujets douloureux, de ceux qui bouleversent les familles, comme les addictions ou les troubles du comportement alimentaire pudiquement évoqués dans Guerre. « C’est un graffiti qui m’a inspiré cette chanson. Il disait J’espère que tu gagneras la guerre dont tu ne parles à personne”. »

Une enfance ennuyeuse

Dans Rupture, il écrit « l’amour, ce n’est pas de l’humanitaire » mais concède que l’amour conjugal soigne et peut même sauver. Ben Mazué a le sens de la formule et claque au cœur. « Les regrets, c’est des crampes dans les souvenirs », chante-t-il dans Crush.

 
Ben Mazué raconte la famille, ou plutôt les familles.Ben Mazué raconte la famille, ou plutôt les familles. – Photo Romain Philippon
 

L’enfance a bien sûr toute sa place dans ce disque aux rythmes ensoleillés (Tony Micelli). De la sienne, il garde en mémoire une période plutôt ennuyeuse et « assez éloignée de la joie ».

« Mais c’est elle qui m’a construit, a permis de laisser place à l’imagination. En tant que père, j’aimerais que mes enfants s’ennuient. Mais je suis incapable de leur laisser ce temps-là.

On devient, je crois, le parent qu’on aurait rêvé d’avoir enfant. »

Ben Mazué avoue avec humour « se vautrer dans la nostalgie », mais « avec l’âge, je profite davantage de l’instant présent ». Une notion qu’il aborde dans le joli titre C’est l’heure.

Famille est un album hypersensible, qui résonne forcément un peu en chacun de nous.

Sa chanson préférée

Ben Mazué concède une petite préférence, Cécile Gagnant, qui évoque le regret de ne pas avoir eu de fille. Lui, papa de deux garçons. « Ce n’est pas un problème, juste un petit tracas.

J’ai observé le rapport de mon père avec mes sœurs. Il ne se comportait pas pareil avec moi ! J’aurais adoré connaître ça. Beaucoup de chansons ont été écrites pour les filles, comme Cécile de Nougaro ou Mistral gagnant de Renaud (d’où le titre de la chanson). Mais rarement pour les fils… »

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