“The Voice” saison 14 : un lancement difficile pour Il Cello face au triomphe des anciens de la “Star Academy”
La finale de la saison 14 de The Voice, diffusée le 3 mai dernier sur TF1, a vu naître un nouvel espoir de la scène musicale française : le groupe Il Cello. Coaché par Florent Pagny, le trio vocal a su séduire le public au fil des semaines avec son univers singulier et sa puissance scénique. “Un vrai grand groupe vient de naître”, s’enthousiasmait alors le célèbre coach, confiant quant à l’avenir de ses protégés.
Pourtant, quelques jours après leur victoire, l’élan semble s’essouffler. Le premier single du groupe, intitulé Une femme, peine à convaincre au-delà du plateau télévisé. Malgré l’exposition médiatique offerte par l’émission, les ventes du titre restent faibles, et Il Cello ne parvient pas à transformer l’essai. L’engouement né autour du trio pendant la compétition ne s’est pas encore traduit par un réel succès commercial.
Et Il Cello n’est pas un cas isolé. Les autres finalistes de cette quatorzième saison connaissent un sort similaire. Les singles de Meg (Troubadour), Gianni (Gone) ou encore Mickaël Gallo (Briller) n’ont tout simplement pas percé, aucun d’eux ne parvenant à intégrer le Top 200 établi par le SNEP (Syndicat National de l’Édition Phonographique). Un classement pourtant dominé par des poids lourds comme Gims, dont le hit Ninao trône en tête.
Cette difficulté à s’imposer pour les candidats de The Voice soulève une question de fond : l’émission permet-elle encore de lancer durablement une carrière musicale ? Si elle constitue sans conteste une vitrine prestigieuse, l’exposition médiatique offerte semble désormais insuffisante pour garantir un succès post-émission. Le public, bien qu’attaché aux candidats durant la compétition, ne semble pas suivre systématiquement dans l’après-émission.
Une comparaison frappante avec la “Star Academy”
À l’inverse, les anciens élèves de la Star Academy, relancée avec succès par TF1 dans une version modernisée, connaissent une ascension impressionnante. Que ce soit les gagnants ou les finalistes, plusieurs d’entre eux ont vu leurs premiers titres cartonner en streaming et en ventes physiques. Certains singles ont même été certifiés disque d’or en un temps record, preuve d’un engouement durable et réel du public.
Ce contraste soulève plusieurs hypothèses. Le format de la Star Academy, basé sur l’immersion et la cohabitation des élèves, permet sans doute un attachement plus profond du public aux candidats. Leurs évolutions sont suivies quotidiennement, créant une proximité forte avec les téléspectateurs. À l’inverse, The Voice, plus focalisée sur la performance scénique, construit une relation plus brève et peut-être moins intime entre artistes et public.
Il est également possible que le modèle de production musicale post-The Voice doive être repensé. La rapidité avec laquelle les singles sont commercialisés après la finale ne laisse pas toujours le temps nécessaire pour peaufiner l’identité artistique des gagnants. Cela pourrait expliquer la réception mitigée de titres qui, bien que techniquement aboutis, manquent parfois de singularité ou d’un vrai positionnement.
Quel avenir pour Il Cello et les autres talents ?
Tout n’est pas perdu pour Il Cello et ses camarades de cette saison. Plusieurs artistes révélés par The Voice ont mis du temps avant de rencontrer le succès, à l’image de Louane ou Kendji Girac. La transition entre la scène télévisée et l’industrie musicale est souvent délicate, mais elle peut réussir à condition d’un accompagnement stratégique, artistique et promotionnel de qualité.
L’expérience de The Voice reste un tremplin, certes perfectible, mais loin d’être inutile. Il appartient désormais aux talents révélés de transformer cette première exposition en une carrière durable, en s’appuyant sur des projets cohérents et une identité artistique affirmée.
L’industrie musicale française continue d’évoluer, et avec elle, les modes de consommation et d’attachement du public. Dans ce contexte, les émissions de télé-crochet devront peut-être repenser leurs modèles pour garantir à leurs talents une vraie place sur la scène musicale de demain.
