Thierry Ardisson, l’« homme en noir » s’en est allé un 14 juillet
Le 14 juillet 2025 restera désormais gravé dans la mémoire collective des Français, non seulement comme la fête nationale, mais aussi comme le jour où l’un de ses animateurs les plus emblématiques a tiré sa révérence. Thierry Ardisson, surnommé l’« homme en noir » pour son style vestimentaire et son ton souvent décapant, est décédé à l’âge de 76 ans des suites d’un cancer du foie contre lequel il se battait depuis plusieurs années.
La nouvelle de sa disparition a d’abord circulé dans la presse sous forme de rumeurs, certains évoquant même une mort survenue le 13 juillet. Mais l’information a été confirmée un mois plus tard par le site « Décès en France », puis relayée par notre confrère Benoît Daragon. L’animateur s’en est bien allé le 14 juillet 2025, date qu’il avait, selon ses propres confidences passées, imaginée comme une sortie « idéale », un symbole d’adieu à son pays.
Un homme de télévision au parcours unique
Né le 6 janvier 1949 à Bourganeuf, en Creuse, Thierry Ardisson s’est imposé comme l’un des personnages les plus singuliers et audacieux du paysage audiovisuel français. Publicitaire de formation, il s’était d’abord fait un nom en créant des slogans restés célèbres, tels que « Chaussée aux moines » ou « Lapeyre, il n’y en a pas deux ». Un talent pour la formule qui allait plus tard nourrir son style d’intervieweur direct et souvent impertinent.
Dans les années 1980 et 1990, il impose sa patte sur le petit écran avec des émissions cultes comme « Lunettes noires pour nuits blanches », « Tout le monde en parle » ou encore « Salut les Terriens ». À travers elles, il offre une tribune à des artistes, politiques et personnalités de tous horizons, tout en cultivant ce ton corrosif qui faisait autant sa popularité que ses polémiques.
Ardisson, c’était une voix singulière, celle d’un homme qui n’hésitait pas à poser les questions que d’autres ne se risquaient pas à formuler, mais aussi celle d’un passionné de culture et d’un découvreur de talents. Nombre de personnalités passées par ses plateaux lui doivent leurs premiers coups de projecteurs.
Les obsèques à Saint-Roch : un dernier adieu
Trois jours après son décès, le 17 juillet à 16 h 30, une foule de proches, d’amis et de figures de la télévision s’est réunie à l’église Saint-Roch à Paris, surnommée la « paroisse des artistes ». Dans cette atmosphère de recueillement et d’émotion, chacun est venu saluer une dernière fois celui qui avait marqué la télévision française d’une empreinte indélébile.
Parmi les personnalités présentes figuraient Michel Drucker, doyen du paysage audiovisuel, Laurent Baffie, son complice de toujours, mais aussi Léa Salamé, Faustine Bollaert ou encore l’animateur Arthur. Autant de visages familiers venus témoigner de leur attachement à cet homme qui, par ses émissions et son humour parfois caustique, avait su créer une forme unique de proximité avec ses invités et ses téléspectateurs.
Les hommages prononcés ce jour-là ont rappelé non seulement l’animateur mais aussi l’homme, avec ses contradictions, sa générosité et sa passion pour la télévision, qu’il décrivait lui-même comme un « théâtre moderne ».
Audrey Crespo-Mara, un retour digne et émouvant
Pour sa compagne, la journaliste Audrey Crespo-Mara, la perte fut évidemment immense. Mais quelques jours seulement après les obsèques, le 25 juillet, elle retrouvait son siège au 20h de TF1, un rendez-vous incontournable de l’actualité. Un retour marqué par une émotion palpable.
« Madame, Monsieur, bonsoir… et merci », a-t-elle lancé en ouverture de son journal, des mots simples mais chargés d’un sens profond. Elle remerciait ainsi tous ceux qui l’avaient soutenue, à titre personnel comme professionnel, dans cette épreuve.
Et si l’édition de ce soir-là a naturellement pris une tonalité particulière, la journaliste de 49 ans a tenu à poursuivre son rôle avec dignité, en offrant à ses téléspectateurs un journal complet. En clôturant cette édition, elle n’a pu retenir un nouvel hommage à son compagnon : « Merci à vous pour vos messages si nombreux en hommage à l’homme en noir. Voilà, je vous souhaite une très bonne soirée, à demain », a-t-elle dit les larmes aux yeux.
Ces instants resteront gravés comme le témoignage d’une force de caractère admirable, celle d’une femme endeuillée mais fidèle à sa mission d’informer.
Une date qui interroge, mais qui symbolise
Dès l’annonce du décès de Thierry Ardisson, une question a agité les réseaux sociaux et la presse : l’animateur nous a-t-il quittés le 13 ou le 14 juillet ? Certains confrères, relayant des confidences de proches, évoquaient en effet un départ la veille de la fête nationale.
Le site officiel « Décès en France » a depuis levé toute ambiguïté : la date inscrite reste le 14 juillet 2025. Un détail qui peut sembler anecdotique, mais qui prend une dimension symbolique. Ardisson avait confié un jour qu’il aimerait partir un 14 juillet, jour de fête et de mémoire collective, comme si sa disparition devait se fondre dans l’histoire nationale.
Au-delà des rumeurs, cette coïncidence renforce la légende autour de celui qui aimait cultiver son image de provocateur et de personnage à part.
Un héritage médiatique durable
La disparition de Thierry Ardisson soulève une évidence : le paysage audiovisuel français perd l’un de ses piliers. Sa liberté de ton, sa capacité à mêler humour, provocation et profondeur ont inspiré plusieurs générations d’animateurs et de journalistes.
Ses émissions continuent d’être citées comme des références. « Tout le monde en parle » a marqué une époque en offrant un espace de débat et de confidences où la politique côtoyait la culture populaire. « Salut les Terriens » a prolongé cette ambition avec un mélange d’interviews sans filtre et de divertissement.
Plus encore, Ardisson laisse derrière lui une conception de la télévision comme lieu de confrontation d’idées, d’expérimentations et d’audace. Une télévision qui ne cherche pas uniquement à plaire, mais à surprendre, déranger parfois, et toujours stimuler la réflexion.
Un dernier mot pour l’« homme en noir »
La France a perdu le 14 juillet 2025 un animateur, un publicitaire, un auteur, mais surtout une figure qui avait su créer un lien singulier avec son époque. Thierry Ardisson, par son style unique, son humour noir et sa passion des mots, restera dans les mémoires comme l’un des plus grands artisans de la télévision française.
Ses obsèques, son hommage à l’église Saint-Roch et le retour courageux d’Audrey Crespo-Mara au 20h de TF1 ne font que rappeler combien il était aimé et respecté, malgré – ou peut-être grâce à – son franc-parler et ses provocations.
Le débat sur la date exacte de sa mort – 13 ou 14 juillet – restera peut-être une anecdote. Mais pour ses proches, ses collègues et ses millions de téléspectateurs, une certitude demeure : Thierry Ardisson restera éternellement l’« homme en noir », celui qui a osé dire, montrer et inventer une autre télévision.