La mort tragique de Jean Pormanove : quand le streaming flirte avec le danger
Dans la nuit du dimanche 17 au lundi 18 août 2025, un drame sans précédent a secoué le monde du streaming français. Jean Pormanove, de son vrai nom Raphaël Graven, s’est éteint en direct sur la plateforme Kick, alors qu’il était suivi par plus d’un demi-million d’abonnés. Sa disparition a provoqué une onde de choc, soulevant une fois de plus la question des dérives inquiétantes liées aux contenus diffusés en continu sur Internet.
Alors que l’enquête judiciaire se poursuit et que les causes exactes de sa mort ne sont pas encore révélées, les projecteurs se tournent vers ses compagnons de live, les streamers Naruto (Owen C.) et Safine. Cette affaire met en lumière un phénomène de plus en plus préoccupant : la recherche effrénée de vues et d’abonnés au détriment de la santé physique et psychologique des créateurs de contenu.
Un décès en plein live qui choque la communauté
Jean Pormanove n’était pas un inconnu. Avec près de 500 000 abonnés, il s’était imposé comme une figure du streaming sur Kick, attirant une communauté fidèle et passionnée. Mais derrière cette réussite se cachait une réalité plus sombre. Ses lives, qui duraient parfois plusieurs jours d’affilée, mettaient en scène des pratiques extrêmes : privations de sommeil, ingestion de substances toxiques, défis dangereux… Autant d’« épreuves » que ses spectateurs suivaient, parfois fascinés, parfois choqués.
Le 17 août au soir, en compagnie de deux autres streamers, il s’endort devant sa caméra. Quelques heures plus tard, il ne se réveillera jamais. Selon les premières informations relayées par BFM TV, il aurait succombé après plus d’une dizaine de jours de lives marqués par des comportements à risque. Ces pratiques avaient pourtant déjà été signalées en décembre 2024, sans qu’aucune mesure réelle ne soit prise.
L’avocat de Naruto défend son client
Rapidement, la question des responsabilités s’est posée. Deux streamers, Naruto (Owen C.) et Safine, étaient présents aux côtés de Jean Pormanove au moment de son décès. Certains observateurs n’ont pas tardé à pointer du doigt leur rôle éventuel dans ces mises en scène extrêmes.
Ce mardi 19 août, l’avocat de Naruto, Maître Yassin Sadouni, a pris la parole sur BFM TV pour défendre son client. Il affirme qu’« à ce jour, aucune autorité judiciaire ne met en cause [son] client ». Selon lui, tout ce qui s’est déroulé à l’écran relevait uniquement d’un « script », de simples « mises en scène » convenues entre amis pour alimenter leur contenu.
Concernant le message publié par Naruto au lendemain du drame, où il exprimait sa douleur face à la perte de son ami, l’avocat a tenu à clarifier : « C’est juste une personne qui avait peur que son ami meure. Un ami qui avait des problèmes cardio-vasculaires et des défaillances cardiaques ».
L’hommage bouleversant de Naruto
Sur ses réseaux sociaux, Naruto a écrit des mots poignants pour honorer la mémoire de Jean Pormanove :
« J’ai toujours redouté le jour où je devrais écrire ces mots… Six années côte à côte sans jamais nous lâcher. Je t’aime mon frère et tu vas terriblement nous manquer. »
Un message qui a touché sa communauté, même si certains internautes peinent à dissocier le rôle de spectateur de celui d’acteur dans cette tragédie. Car si l’avocat parle de « mises en scène », beaucoup s’interrogent : jusqu’où peut aller le spectacle quand il met en danger la vie réelle de ceux qui y participent ?
Une mère endeuillée, mais en contact avec les streamers
La voix de la famille s’est également fait entendre. La mère de Jean Pormanove, très affectée par la disparition de son fils, a elle aussi pris position. Selon Maître Sadouni, elle écarterait « toute responsabilité de [Naruto] dans la mort de son fils ».
Il révèle par ailleurs qu’elle était « très souvent » en contact avec le streamer, participant même à certains lives sous forme de sketchs téléphoniques où elle « l’insultait » pour avoir « pris [son fils] ». Des scènes qui faisaient partie intégrante de la « mise en scène » de la chaîne.
Cette collaboration, aussi étrange que déroutante, montre à quel point les frontières entre la réalité et le spectacle pouvaient être floues dans l’univers de Jean Pormanove.
Une enquête judiciaire en cours
Le Parquet de Nice a ouvert une enquête pour déterminer les circonstances exactes du décès. Les premières expertises médicales devraient permettre d’en savoir plus sur le rôle éventuel de la privation de sommeil et des produits ingérés dans le drame.
Pour l’heure, aucune infraction n’est caractérisée. Naruto, déjà placé en garde à vue en janvier 2025 puis relâché, n’est pas mis en cause. Mais l’enquête pourrait rebattre les cartes si de nouvelles preuves venaient à émerger.
Les dérives du streaming extrême
Au-delà des responsabilités individuelles, la mort de Jean Pormanove soulève une question de société : jusqu’où peut aller la quête de visibilité sur les réseaux sociaux ?
Depuis quelques années, certains créateurs se livrent à des pratiques de plus en plus extrêmes pour se démarquer : défis dangereux, endurance poussée à l’extrême, humiliation en direct… Ce type de contenus, qui séduit par son côté spectaculaire, représente un risque considérable pour ceux qui s’y adonnent.
La frontière entre performance et mise en danger devient floue. Et lorsque l’audience applaudit ou encourage ces comportements, le cercle vicieux se renforce : plus de vues, plus de pression, plus de prises de risques.
Une responsabilité partagée ?
Cette affaire interroge aussi la responsabilité des plateformes. Kick, qui hébergeait les lives de Jean Pormanove, avait déjà reçu plusieurs signalements sur ses contenus en décembre 2024. Pourtant, aucune suspension définitive de chaîne n’avait été prononcée.
Faut-il alors considérer que ces géants du streaming ont une part de responsabilité lorsqu’ils laissent perdurer de tels contenus, malgré les alertes ? Les législateurs et associations de protection de la jeunesse réclament depuis longtemps une meilleure régulation. Le drame de Jean Pormanove pourrait relancer le débat.
Une communauté en deuil
La disparition brutale du streamer a profondément marqué ses abonnés. Sur les réseaux sociaux, de nombreux messages de soutien ont afflué, mêlant tristesse, colère et incompréhension. Certains réclament justice, d’autres appellent à une réflexion collective sur les dérives du streaming.
Naruto, de son côté, est décrit par son avocat comme « bouleversé » par la perte de son meilleur ami. Safine, l’autre streamer présent ce soir-là, garde pour l’instant le silence.
Conclusion : un drame qui doit servir d’avertissement
La mort de Jean Pormanove est bien plus qu’un fait divers. Elle met en lumière un malaise profond lié aux usages des réseaux sociaux et du streaming. La pression pour attirer des abonnés, la course aux vues et aux revenus, tout cela pousse certains à franchir des limites dangereuses.
Ce drame tragique doit interpeller non seulement les spectateurs, mais aussi les plateformes, les autorités et la société dans son ensemble. Car derrière les écrans, ce sont des vies bien réelles qui se jouent.
Affaire à suivre…