Mort de Jacques Martial : les images de ses derniers instants

Jacques Martial, voix profonde du cinéma et figure de la scène parisienne, s’éteint à 69 ansMort de Jacques Martial, l'acteur-doubleur et adjoint à la maire de Paris

La voix grave et charismatique qui a accompagné en français Samuel L. Jackson, Denzel Washington ou encore Wesley Snipes s’est tue. Jacques Martial, acteur de théâtre, comédien de télévision, doubleur de cinéma et adjoint à la mairie de Paris chargé des Outre-mer depuis 2022, est décédé dans la nuit du mardi 12 au mercredi 13 août 2025, à l’âge de 69 ans, des suites d’une longue maladie.
La maire de Paris, Anne Hidalgo, a annoncé la nouvelle dans un communiqué empreint d’émotion, saluant « un grand homme de théâtre, de cinéma et de télévision » et rendant hommage à « un artiste engagé, profondément attaché à la mémoire et à la culture des Outre-mer ».

Un visage familier du petit écran

Pour toute une génération de téléspectateurs, Jacques Martial restera l’inoubliable inspecteur Jean-Philippe Bain-Marie dans la série culte Navarro, aux côtés de Roger Hanin. De 1989 à 2004, son personnage, mélange de rigueur policière et de chaleur humaine, a marqué le paysage télévisuel français.
Mais derrière ce rôle emblématique se cachait un acteur aux multiples facettes, capable de naviguer entre les genres, les supports et les univers artistiques.

Des planches au grand écran

Formé au théâtre, Jacques Martial s’était imposé sur scène par son aisance oratoire et sa présence magnétique. Sa voix, reconnaissable entre toutes, était un instrument qu’il savait moduler avec puissance ou douceur selon les rôles.
Au cinéma, il avait travaillé avec de grands cinéastes, tels que Samuel Fuller, John Berry, Sam Karmann ou encore Robert Kramer. Des collaborations qui avaient confirmé sa capacité à passer du théâtre intimiste aux tournages internationaux, toujours avec la même intensité.

Une voix qui a traversé l’AtlantiqueJacques Martial, adjoint à la Mairie de Paris, acteur et doubleur, est mort

Si son visage était familier en France, sa voix, elle, avait voyagé bien au-delà des frontières hexagonales. Jacques Martial a prêté ses intonations profondes et nuancées à certains des plus grands acteurs afro-américains.
Derrière les dialogues en VF de Samuel L. Jackson, Denzel Washington ou Wesley Snipes, c’était lui. Ce travail de doublage, souvent méconnu du grand public, demandait une précision technique et une sensibilité artistique particulière. Martial savait faire résonner les émotions originales tout en les adaptant au public francophone, un art où il excellait.

Un engagement profond pour la mémoire et la culture

Né à Saint-Mandé (Val-de-Marne) de parents guadeloupéens, Jacques Martial avait toujours revendiqué son attachement à ses racines et à l’histoire des Outre-mer.
Il s’est engagé dans de nombreuses initiatives pour la mémoire de l’esclavage et la valorisation de la créativité des artistes ultramarins. De 2015 à 2020, il a présidé le Mémorial ACTe, musée de l’esclavage de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe.
Sur scène, il avait incarné avec force et émotion Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire, œuvre phare de la littérature antillaise et manifeste poétique contre l’oppression coloniale.

Un élu au service des Outre-mer

En novembre 2022, Anne Hidalgo le nommait adjoint à la maire de Paris, chargé des Outre-mer. Dans cette fonction, Jacques Martial œuvrait pour la visibilité des communautés et des cultures ultramarines au sein de la capitale.
Le député de Paris Emmanuel Grégoire, qui l’avait intégré à sa liste lors des municipales de 2020 dans le XIIe arrondissement, se souvient d’un homme « unanimement apprécié, gentil, cultivé, plein d’humour ». Sa capacité à dialoguer, à fédérer et à défendre ses convictions sans jamais perdre le sourire en faisait un élu respecté, bien au-delà de son champ de compétence.

Un artiste aux multiples héritages

Le parcours de Jacques Martial n’était pas seulement celui d’un acteur, mais aussi celui d’un passeur de mémoire et d’un ambassadeur culturel.
Il avait cette rare faculté de relier plusieurs univers : celui de la scène et des projecteurs, celui du militantisme culturel, et celui de la politique locale. Sa carrière est le témoignage d’une vie vécue pleinement, au croisement de l’art et de l’engagement.Il interprétait l'inoubliable "Bain-Marie" dans la série "Navarro"... L'acteur  Jacques Martial est mort à l'âge de 69 ans - Nice-Matin

L’empreinte laissée derrière lui

Sa disparition laisse un vide dans le monde du théâtre, du cinéma, du doublage et de la vie publique parisienne. Les hommages se multiplient déjà, saluant non seulement l’artiste, mais aussi l’homme.
Anne Hidalgo a rappelé que « Paris perd aujourd’hui un de ses grands défenseurs des Outre-mer et de la diversité culturelle ».
Pour ses collègues et amis, il restera un homme de convictions, généreux dans ses échanges, toujours prêt à tendre la main ou à partager une anecdote teintée d’humour.

Un dernier adieu

En avril dernier, on avait vu Jacques Martial, visiblement affaibli mais souriant, arriver à la Bibliothèque nationale de France pour rendre hommage à la journaliste et autrice Maryse Condé. Cette image, captée par le photographe Ludovic Marin pour l’AFP, restera peut-être comme l’un de ses derniers gestes publics : un hommage à une autre voix majeure des cultures noires, dans un geste de continuité artistique et humaine.

Avec sa disparition, la France perd l’un de ses talents discrets mais incontournables, un de ces artistes qui, sans faire de bruit, impriment durablement leur empreinte sur la mémoire collective.
Sa voix résonnera encore longtemps dans les oreilles de ceux qui l’ont entendue au détour d’un dialogue de film, sur une scène de théâtre ou au sein d’un conseil municipal. Et son engagement continuera d’inspirer ceux qui, comme lui, croient que l’art et la culture peuvent changer les regards et rapprocher les mondes.

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