Jean Pormanove : nouveau gros rebondissement dans l’enquête sur sa mort, Kick pointé du doigt

L’affaire Jean Pormanove : entre drame personnel et scandale numérique

Jean Pormanove : nouveau gros rebondissement dans l'enquête sur sa mort, Kick  pointé du doigt

Près d’une semaine après l’annonce officielle de son décès, le nom de Jean Pormanove continue de résonner dans les médias, sur les réseaux sociaux et jusque dans les couloirs du gouvernement. Ce streameur de 46 ans, également connu sous son véritable nom Raphaël Graven, a marqué son époque numérique par sa personnalité atypique et sa relation complexe avec son public. Mais c’est surtout la manière brutale dont sa mort a été exposée au grand jour qui soulève aujourd’hui une vague d’indignation sans précédent.

Au cœur du scandale : la plateforme australienne Kick, accusée d’avoir laissé circuler des images et des lives qui auraient dû être interrompus. Un cas devenu emblématique des dérives du streaming en ligne et qui soulève des questions plus larges sur les responsabilités des géants du numérique.


Une disparition tragique

Le 18 août dernier, après plusieurs jours de rumeurs alimentées par la diffusion de son dernier live, l’entourage de Jean Pormanove a confirmé la terrible nouvelle : le streameur s’est éteint à l’âge de 46 ans. La confirmation est venue d’une voix particulièrement marquante : son ami, connu sous le pseudonyme Naruto, qui a choisi Instagram pour partager sa douleur.

« J’ai toujours redouté le jour où je devrais écrire ces mots. Malheureusement, cette nuit, JP (Raphaël Graven) nous a quittés. (…) Je vous demande à tous de respecter sa mémoire et de ne pas partager la vidéo de son dernier souffle dans son sommeil », écrivait-il dans sa story.

Un message glaçant, qui laissait entrevoir la violence symbolique d’une mort exposée publiquement. Car en effet, au moment où Pormanove s’éteignait, des milliers d’internautes étaient encore connectés à son live sur Kick, sans réaliser que ce qu’ils voyaient relevait du drame réel.


L’ouverture d’une enquête

Dès le lendemain, le Parquet de Nice ouvrait une enquête pour faire la lumière sur les causes de la mort du streameur. Dans un climat où rumeurs, accusations et théories complotistes proliféraient en ligne, ses proches redoutaient le pire : que l’affaire ne soit instrumentalisée par certains internautes friands de polémiques.

Quelques jours plus tard, l’autopsie venait apporter des réponses apaisantes. Les experts ont établi que « les causes probables du décès » seraient « d’origine médicale et/ou toxicologique ». Une conclusion qui a permis de calmer, au moins en partie, les spéculations autour d’un éventuel acte criminel ou d’un harcèlement mortel.

Pour ses proches, cette précision a eu valeur de soulagement. Mais sur la Toile, l’affaire avait déjà pris une ampleur démesurée.

La mort en direct de Jean Pormanove, streamer sur Kick, interroge les  autorités | RCF


Le soutien inattendu de célébrités

Le cas Jean Pormanove a rapidement franchi les frontières de la France. Parmi les nombreuses réactions, deux noms ont particulièrement retenu l’attention : Adin Ross, figure controversée du streaming international, et le rappeur canadien Drake.

Tous deux ont annoncé qu’ils prendraient en charge les frais funéraires du streameur. Drake, de son côté, est même allé plus loin : il a mis fin à sa collaboration avec la plateforme Kick, marquant ainsi une rupture symbolique entre l’univers de la musique et une plateforme dont l’image est désormais ternie par ce scandale.

Ce geste de soutien a été accueilli avec gratitude par la communauté de Pormanove, mais il illustre surtout la portée mondiale qu’a prise cette affaire. Elle n’est plus seulement une tragédie personnelle, mais un cas révélateur des dérives d’une industrie en plein essor.


Kick dans la tourmente

Depuis plusieurs jours, Kick est directement pointée du doigt. La plateforme, qui s’était imposée comme l’une des alternatives à Twitch grâce à sa liberté éditoriale plus large et ses revenus attractifs pour les créateurs, se retrouve aujourd’hui accusée d’avoir franchi une ligne rouge.

En cause : la diffusion de contenus jugés humiliants pour Jean Pormanove lors de certains de ses lives, mais aussi le fait que son ultime diffusion n’ait pas été interrompue à temps. Des milliers d’internautes ont ainsi pu assister à ce qui s’apparentait à une lente agonie, sans que la plateforme n’intervienne pour couper le flux vidéo.

Pour beaucoup, cet échec illustre les failles d’un modèle basé sur la liberté absolue, mais qui peine à protéger ses utilisateurs des dérives les plus dangereuses.

Mort de "Jean Pormanove" : humiliations et violences en direct sur Kick, la  plateforme répond


L’intervention du gouvernement

Face à l’ampleur de la polémique, le gouvernement français n’a pas tardé à réagir. Clara Chappaz, ministre déléguée au Numérique, a annoncé ce mardi 26 août une décision forte : engager une action en justice contre Kick.

« J’intenterai une action au tribunal judiciaire pour manquement face à la loi sur la confiance dans l’économie numérique », a déclaré la ministre. Elle entend s’appuyer sur l’article 6-3 de cette loi, qui permet à la justice d’interrompre un dommage lié à la diffusion de contenu en ligne ou d’imposer des mesures pour prévenir ce dommage.

« Kick n’a pas fait tout ce qui était possible pour mettre fin à la diffusion de contenu dangereux », a martelé Clara Chappaz, soulignant la responsabilité directe de la plateforme dans cette affaire.


Vers un précédent juridique ?

L’action intentée par la France contre Kick pourrait bien constituer un précédent majeur dans le domaine du numérique. Jusqu’ici, la plupart des plateformes se retranchaient derrière leur statut d’hébergeur pour échapper à une responsabilité directe concernant les contenus diffusés.

Mais le cas Pormanove démontre les limites de ce modèle : lorsqu’une vie humaine est en jeu, peut-on encore se contenter d’un simple rôle d’intermédiaire technique ? Ou les plateformes doivent-elles assumer un devoir de vigilance renforcé ?

Autant de questions qui dépassent largement le cadre de ce drame individuel et qui pourraient redessiner l’avenir juridique du streaming en France et au-delà.


Une affaire symptomatique des dérives du numérique

Au-delà du cas Kick, l’affaire Pormanove met en lumière les dangers d’une exposition excessive sur les réseaux et les plateformes de diffusion en direct. Les streameurs, souvent isolés et soumis à la pression constante d’un public parfois hostile, se retrouvent vulnérables.

Jean Pormanove, à travers ses lives où il acceptait des humiliations pour divertir, illustre cette frontière floue entre performance numérique et souffrance personnelle. Une frontière que ses spectateurs n’ont pas toujours su identifier, et que la plateforme n’a pas su gérer.

Son décès pose donc une question essentielle : jusqu’où peut-on aller dans la recherche d’audience et de contenu choc ? Et quelle place doit-on laisser à l’éthique dans un univers dominé par la logique du buzz ?

Mort de Jean Pormanove: l'Arcom n'a pas de "compétence directe" pour  suspendre sa chaîne sur Kick


Conclusion : le début d’un long débat

L’histoire de Jean Pormanove restera comme un drame personnel, mais aussi comme le catalyseur d’un débat de société plus large. Elle interpelle à la fois les internautes, les créateurs de contenu, les plateformes et les pouvoirs publics sur leur responsabilité commune.

Alors que le gouvernement s’apprête à attaquer Kick en justice, une nouvelle ère de régulation du numérique semble s’annoncer. Mais au-delà des lois et des procès, cette affaire rappelle surtout une vérité simple et douloureuse : derrière les écrans et les pseudonymes, il y a toujours des vies humaines.

Et parfois, le numérique, censé nous rapprocher, peut aussi devenir le théâtre de nos tragédies les plus intimes.

 

Related Posts

Our Privacy policy

https://abc24times.com - © 2025 News