Garou : du micro aux fourneaux, entre succès gastronomique et tempête médiatique
Connu pour sa voix puissante et son charisme sur scène, Garou, de son vrai nom Pierre Garand, a bâti une carrière musicale internationale jalonnée de tubes et de collaborations prestigieuses. Mais comme beaucoup d’artistes en quête de nouveaux défis, il a décidé un jour de sortir des sentiers battus pour se lancer dans une autre aventure : celle de la restauration gastronomique.
En 2016, le chanteur québécois ouvre à Paris un établissement qui ne passe pas inaperçu : Le Manko, un restaurant péruvien chic, niché au cœur de la célèbre avenue Montaigne, haut lieu du luxe et de l’art de vivre à la française. Ce projet n’est pas un simple coup de tête : Garou s’associe à deux figures reconnues du monde culinaire, le chef étoilé Gastón Acurio, ambassadeur de la gastronomie péruvienne dans le monde, et Benjamin Patou, entrepreneur influent dans le secteur de la restauration.
Un pari audacieux et rapidement gagné
Dès son ouverture, Le Manko devient l’une des adresses les plus courues de la capitale. La recette de ce succès précoce ? Un savant mélange entre cuisine raffinée, ambiance feutrée et soirées cabaret qui attirent une clientèle branchée et cosmopolite. On y croise autant des gourmets exigeants que des célébrités en quête de discrétion… ou de visibilité.
Le décor, pensé pour allier élégance et chaleur, plonge les visiteurs dans une atmosphère exotique et luxueuse. Les assiettes, elles, célèbrent la richesse des saveurs péruviennes : ceviches aux agrumes, anticuchos parfumés, desserts gourmands à base de fruits tropicaux… Une carte qui invite au voyage et séduit rapidement les critiques comme les amateurs.
En quelques années, l’établissement accumule les avis positifs — plus de 2 700 commentaires sur Google — et obtient une note moyenne de 3,5 sur 5. Dans un secteur aussi concurrentiel que celui de la restauration haut de gamme parisienne, c’est une performance notable.
Du succès… à la polémique
Pourtant, en 2022, la belle mécanique se grippe. Une soirée d’été va marquer un tournant dans l’histoire du Manko. Une cliente publie sur les réseaux sociaux une vidéo accompagnée d’un témoignage affirmant s’être vu refuser l’entrée du restaurant en raison d’un dress-code jugé inapproprié… alors même qu’elle portait une robe de soirée. Selon ses dires, plusieurs autres femmes noires, elles aussi habillées avec élégance, auraient subi le même traitement ce soir-là.
La vidéo devient virale. En quelques heures, l’affaire prend de l’ampleur et relance le débat sur les discriminations dans le milieu de la nuit et de la restauration. Les réactions se multiplient, les partages s’enchaînent, et l’image de l’établissement est ébranlée.
Face à la vague d’indignation, la direction du Manko réagit rapidement par un communiqué :
« Suite à l’incident survenu samedi soir à Paris, Le Manko présente ses excuses. Manko respecte une charte de valeurs qui prônent l’égalité, le respect, la tolérance et la bienveillance de toutes et tous. Les sanctions nécessaires ont été immédiatement prises et de façon permanente. »
Malgré cette prise de parole, la polémique ne retombe pas immédiatement. Le parquet de Paris ouvre une enquête pour discrimination fondée sur l’origine, l’ethnie ou la nationalité, une procédure qui place l’affaire sur le terrain judiciaire et non plus seulement médiatique.
Un coup dur pour l’image… mais pas pour la fréquentation
Dans le sillage de cette controverse, Le Manko voit apparaître sur ses pages d’avis en ligne une série de commentaires négatifs, souvent liés à l’affaire et non à la qualité de la cuisine ou du service. Pourtant, contre toute attente, le restaurant continue d’attirer une clientèle régulière et de maintenir une activité soutenue.
Ce paradoxe illustre une réalité complexe : dans le monde de la gastronomie comme dans celui du spectacle, la notoriété peut être à double tranchant. Une polémique peut entacher une réputation, mais elle peut aussi maintenir un établissement sous les projecteurs, attisant la curiosité.
Une pause forcée avant un retour annoncé
Aujourd’hui, Le Manko est temporairement fermé. Officiellement, il s’agit d’une pause estivale avant une réouverture prévue à la fin de la saison. Cette fermeture pourrait aussi servir à repenser certains aspects du fonctionnement interne, améliorer la formation du personnel ou ajuster la politique d’accueil, afin d’éviter que de tels incidents ne se reproduisent.
Pour Garou, cette parenthèse est peut-être l’occasion de se recentrer sur ses autres projets. Car si l’artiste se fait plus discret dans les bacs depuis la sortie de son album de reprises des chansons de Joe Dassin, il reste actif dans le milieu musical. Sa participation comme coach dans The Voice, aussi bien en France qu’au Québec, lui a permis de transmettre son expérience et de découvrir de nouveaux talents.
Entre passion et gestion de crise
L’aventure du Manko illustre bien les défis que rencontrent les personnalités qui investissent dans la restauration. Le succès ne repose pas uniquement sur un nom célèbre ou une carte prestigieuse. Il faut composer avec des imprévus, des aléas économiques, et parfois, des tempêtes médiatiques.
Garou, habitué aux feux de la rampe, a sans doute découvert qu’en dehors des projecteurs, la gestion d’un établissement haut de gamme demande autant de rigueur qu’une tournée internationale. L’accueil, le service, la cohérence avec les valeurs affichées… tout est scruté et amplifié par la puissance des réseaux sociaux.
Si l’on en croit les annonces, Le Manko devrait donc rouvrir ses portes dans les prochaines semaines. Reste à savoir si cette réouverture marquera un nouveau chapitre apaisé dans l’histoire du restaurant ou si les stigmates de la polémique resteront longtemps visibles.
Ce qui est certain, c’est que l’établissement conserve un potentiel fort : un emplacement prestigieux, un concept culinaire original, une réputation construite sur plusieurs années de succès… et la notoriété d’un propriétaire qui a toujours su rebondir face aux épreuves.