Cauchemar en cuisine : un couple de restaurateurs bretons au bord du gouffre malgré un départ prometteur
Lorsque Philippe Etchebest endosse sa veste de chef pour intervenir dans Cauchemar en cuisine, diffusé sur M6, c’est souvent la dernière chance pour des restaurateurs en détresse. Depuis 2011, l’émission a pour ambition de sauver des établissements au bord de la fermeture en offrant un regard neuf, des conseils pratiques et, surtout, une visibilité médiatique rare.
Pour Laure et Patrice Cabioch, propriétaires du restaurant Le Guillec à Plouzévédé, dans le Finistère, ce coup de projecteur a d’abord été synonyme de renaissance. Mais trois ans après le tournage de leur épisode, diffusé en mars 2022, le rêve s’effrite dangereusement. Aujourd’hui, le couple tire la sonnette d’alarme : leur affaire est au bord de la fermeture, et ils demandent l’aide du public pour survivre.
Un renouveau spectaculaire après l’émission
Avant l’arrivée de l’équipe de tournage, la situation était critique. Les Cabioch se battaient pour attirer quelques clients le week-end, atteignant parfois péniblement cinq ou six couverts. L’intervention de Philippe Etchebest a changé la donne du jour au lendemain.
« Avant l’émission, on peinait à remplir la salle. Après la diffusion en mars 2022, nous avons affiché complet pendant près d’un an et demi », raconte le couple au Télégramme. Le contraste est saisissant : d’une salle quasi vide, ils sont passés à des journées où chaque table était occupée, avec un chiffre d’affaires atteignant jusqu’à 50 000 euros en un mois.
Ce succès fulgurant leur a permis d’embaucher un cuisinier pour soulager Patrice, qui tenait seul les fourneaux. « C’était presque irréel, on n’avait jamais connu ça », confie Laure. L’avenir semblait enfin radieux.
Des choix d’investissement… et des désillusions
Pourtant, cette embellie n’a pas duré. Embaucher du personnel, améliorer la carte et investir dans le restaurant semblaient être des décisions logiques, presque obligatoires face à l’afflux de clients. Mais la fréquentation a fini par s’essouffler.
« Ça n’a pas vraiment été utile d’embaucher… Et avec ces investissements, on a dégagé quasiment zéro bénéfice en 2023 », admet Laure.
Le revers de la médaille est lourd : après deux ans d’efforts, le couple se retrouve aujourd’hui avec un déficit d’environ 20 000 euros. La fréquentation est en berne, avec seulement 20 à 25 couverts le midi en moyenne, et un chiffre d’affaires de 1 800 euros pour le mois de juillet dernier.
Un malentendu persistant : “Les gens pensent qu’on roule sur l’or”
Pour Laure et Patrice, la difficulté ne vient pas seulement de la baisse de fréquentation, mais aussi d’une perception erronée du public. « Les gens sont persuadés que depuis Cauchemar en cuisine, on roule sur l’or… Mais pas du tout », explique Laure.
Cette image de “restaurant sauvé par la télé” est tenace, mais elle masque la réalité : un établissement qui, malgré des efforts constants, peine à équilibrer ses comptes. La clientèle fidèle des débuts a diminué, et attirer de nouveaux clients devient un défi quotidien.
Un appel à l’aide sur les réseaux sociaux
Face à cette situation, les Cabioch ont décidé de prendre la parole sur Facebook pour solliciter directement le soutien du public. Dans un message émouvant, Laure écrit :
« Nous sommes dans un moment très compliqué. Je compte sur vous pour vos partages. Nous avons plus que jamais besoin de votre soutien. Nous avons besoin de clients, si vous pouviez nous aider à nous faire de la publicité. Nous redonner un élan, car nous sommes dans un moment compliqué. Patrice se donne tellement de mal pour satisfaire la clientèle qui n’est plus là. »
L’objectif est clair : rappeler l’existence du restaurant, casser l’image d’un simple “restaurant ouvrier” qui leur colle à la peau, et séduire à nouveau un public plus large, prêt à découvrir leur cuisine et leur savoir-faire.
Une histoire qui illustre les limites de la médiatisation
Le parcours de Laure et Patrice est emblématique d’un phénomène récurrent pour les participants à Cauchemar en cuisine. Si l’émission apporte une visibilité massive et une relance immédiate de l’activité, elle ne garantit pas un succès durable.
Les raisons sont multiples : la curiosité initiale du public retombe, les habitudes de consommation évoluent, la concurrence reste forte, et la gestion financière doit s’adapter à des flux de clients très fluctuants. Dans le cas du Guillec, l’embauche anticipée et les investissements lourds ont pesé sur la trésorerie au moment où la fréquentation commençait à diminuer.
Un combat pour la survie
Aujourd’hui, les Cabioch sont dans une course contre la montre. Avec un déficit qui se creuse et une fréquentation insuffisante, chaque service compte. Mais ils refusent de baisser les bras.
« On se bat tous les jours. Patrice se donne à fond en cuisine, et moi en salle, mais on ne peut pas le faire seuls. On a besoin que les gens reviennent, qu’ils nous donnent une nouvelle chance », insiste Laure.
Et maintenant ?
Leur message a déjà commencé à circuler sur les réseaux sociaux, et certains habitants de la région leur promettent de revenir prochainement. Mais pour que le Guillec retrouve un équilibre, il faudra plus qu’un regain ponctuel : une fidélisation durable, une communication mieux ciblée, et peut-être une nouvelle orientation de leur offre culinaire.
En attendant, l’appel lancé par Laure et Patrice est un cri du cœur. Au-delà de leur cas, il rappelle que derrière chaque restaurant se trouvent des personnes qui travaillent dur, souvent dans l’ombre, et dont la survie dépend directement de la clientèle locale.
Conclusion :
L’histoire du Guillec est celle d’un couple passionné, sauvé une première fois par la télévision, et qui aujourd’hui se bat pour éviter la fermeture. Leur parcours met en lumière une vérité parfois oubliée : même après un passage remarqué à la télé, la restauration reste un métier précaire, où le succès se gagne jour après jour.
À Plouzévédé, l’avenir du Guillec repose désormais sur un pari simple : que la solidarité et la curiosité des clients suffisent à raviver la flamme qui avait embrasé leur salle il y a trois ans.