Art Mengo, entre confidences et émotions : le retour d’un poète de la chanson à Auch
Le théâtre d’Auch s’apprête à accueillir un artiste singulier, discret et profondément attachant : Art Mengo. Le chanteur et compositeur toulousain, connu pour ses chansons à la fois tendres et mélancoliques, sera présent le vendredi 13 juin dans le cadre du festival Éclats de Voix. L’occasion pour lui de présenter un concert intimiste, construit autour d’un concept original qui lui tient particulièrement à cœur : revisiter son répertoire accompagné uniquement du piano de son ami Lionel Soares. Rencontre avec un musicien à la fois humble et passionné, qui préfère la sincérité à l’esbroufe et les confidences à l’exposition médiatique.
Un lien discret mais réel avec le Gers
Interrogé sur son rapport avec le département qui l’accueille, Art Mengo reconnaît ne pas avoir une relation très dense avec le Gers. « Je n’y ai joué qu’une fois ou deux », confie-t-il avec simplicité. Toulousain de naissance et de cœur, il a plutôt connu la région à travers des escapades de week-end. Pourtant, certains souvenirs restent vifs : « La première fois que j’ai joué au Casino de Paris, j’avais répété dans le Gers. Forcément, ce sont des souvenirs heureux. »
Aujourd’hui, sa venue à Auch prend une dimension plus intime encore : il retrouve sur scène Lionel Soares, musicien gersois et ami de longue date. Une collaboration qui sonne comme une évidence, renforçant le plaisir d’un retour dans une ville qui l’accueille à bras ouverts.
Un projet musical épuré et audacieux
Si Art Mengo a accepté l’invitation du festival Éclats de Voix, c’est parce qu’il y a vu l’opportunité parfaite pour donner vie à une idée qu’il mûrit depuis longtemps. « J’ai un nouveau concept, où il est question de revisiter mon répertoire en chantant uniquement avec Lionel Soares au piano. Ce festival me donne les moyens de concrétiser mon projet et d’avoir la réaction du public, en direct. »
Loin des orchestrations riches et des arrangements sophistiqués qui ont parfois accompagné ses albums, l’artiste choisit la sobriété. Le format « piano-voix », minimaliste mais d’une grande intensité, lui permet de mettre en lumière ce qui constitue l’essence de son art : la force des mots et la délicatesse des mélodies. « Ce sera un moment important », dit-il, conscient que cette étape pourrait ouvrir la voie à une nouvelle page de sa carrière. Le projet, déjà en gestation, devrait se prolonger ailleurs, notamment à Paris.
Entre tubes emblématiques et raretés dévoilées
Le public d’Auch aura la chance d’entendre les incontournables qui ont marqué la carrière d’Art Mengo. Comment imaginer un concert sans « Les parfums de sa vie (je l’ai tant aimée) », son premier grand succès, ou « La mer n’existe pas », titre emblématique qui lui valut d’être reconnu comme un artisan sensible de la chanson française ?
Mais au-delà de ces morceaux cultes, l’artiste réserve aussi des surprises. « Ce festival me donnera l’occasion de jouer des chansons que je n’ai presque jamais chantées sur scène. » Un privilège rare pour les spectateurs, qui pourront découvrir des perles méconnues de son répertoire. Ce travail de redécouverte nourrit également son processus créatif actuel, puisqu’il prépare un nouvel album. « Je pense que l’Occitanie et l’esprit sudiste m’ont toujours inspiré pour mes chansons », ajoute-t-il, confirmant combien ses racines régionales continuent de nourrir son univers poétique.
Le compositeur de l’ombre des grands noms
Si le grand public associe surtout Art Mengo à ses propres albums, il est aussi un compositeur courtisé par les plus grands. Son nom apparaît aux côtés de figures majeures de la chanson, certaines aujourd’hui disparues : Jane Birkin, Johnny Hallyday… Comment de telles collaborations voient-elles le jour ? L’artiste sourit : « C’est un éditeur qui vient vers moi. Je reçois un coup de fil : “Tiens, il y a Johnny Hallyday qui fait un nouvel album, est-ce que ça t’intéresse d’y participer ?” »
La suite tient autant du hasard que du talent : il propose une chanson parmi des centaines d’autres, en sachant qu’elle a peu de chances d’être retenue. Et pourtant, Johnny choisit son titre : « Ça ne change pas un homme », qui devient même le nom de l’album. Une consécration discrète, mais marquante.
Pour autant, Mengo reste fidèle à sa manière d’écrire. « En général, je ne fais pas des chansons pour les chanteurs. Je les écris pour moi, et quand on m’appelle, j’adapte un peu pour que la personne puisse se l’approprier. » Une démarche qui garde intacte la sincérité de sa plume. « Une fois que j’ai envoyé ma chanson, je ne suis plus dans le processus de création. J’ai toujours aimé cette sensation : quand elle revient, elle ne m’appartient plus. »
Une anecdote révélatrice : Florent Pagny, le direct sans fioritures
De ses collaborations, Art Mengo garde des souvenirs contrastés, mais toujours marqués par l’humain. Il évoque avec affection son expérience avec Florent Pagny : « J’aime beaucoup Florent parce qu’il est brut de décoffrage. Avec lui, on ne passe pas par des intermédiaires. » Un rapport franc et direct, qui contraste avec un milieu artistique parfois plein de filtres et de conventions.
Mais fidèle à son tempérament, Mengo ne s’est jamais laissé happer par les feux de la rampe. « Je me suis quand même tenu un peu loin des projecteurs, avec une tendance à travailler dans ma campagne toulousaine sans trop rencontrer les gens… » Cette discrétion n’a jamais nui à la qualité de son travail ; elle en est peut-être même la clé, préservant l’authenticité de sa démarche.
Des souvenirs de scène marqués par l’émotion intime
Quand on lui demande quel est son plus grand souvenir sur scène, ce n’est ni un triomphe médiatique ni une tournée prestigieuse qu’il évoque, mais un moment profondément personnel. « Quand on joue à l’Olympia et que votre mère est au deuxième ou troisième rang, c’est un souvenir qui reste gravé. »
Le trac, paradoxalement, n’était pas lié à l’immensité de la salle mythique, mais à la proximité affective. « Pour moi, le trac le plus important, c’était de jouer devant mes proches. Même si j’étais content qu’ils soient là, j’avais très peur. Chanter devant eux, c’était une nouvelle façon de se dévoiler. » Un aveu touchant, qui reflète bien la sensibilité de l’artiste, toujours plus préoccupé par la sincérité des émotions que par l’éclat du succès.
Un rendez-vous rare à ne pas manquer
Le passage d’Art Mengo au festival Éclats de Voix s’annonce donc comme un moment privilégié. Loin des formats convenus, il proposera une expérience intimiste et authentique, où l’émotion primera sur la démonstration. Entre grands classiques revisités et chansons rares, entre confidences personnelles et partages artistiques, ce concert offrira aux spectateurs un aperçu unique de l’univers d’un musicien qui n’a jamais cessé d’explorer les nuances du sentiment et de la mélodie.
Art Mengo ne court pas après les projecteurs, mais il sait capter l’essentiel : ce frisson subtil qui naît de la rencontre entre une voix, un piano et un public attentif. À Auch, ce 13 juin, il ne fait guère de doute que ce frisson sera au rendez-vous.