L’Eurovision 2026 de retour à Vienne, onze ans après Conchita Wurst
Cette fois, c’est le jeune artiste JJ, contre-ténor queer de 24 ans, qui a ramené en mai le trophée à la maison. Avec donc la tâche pour l’Autriche d’organiser l’édition suivante, selon la tradition.
“La réputation de Vienne, considérée comme l’une des villes les plus importantes au monde sur le plan de la musique, et sa situation au cœur de l’Europe en font la ville hôte idéale” pour ce 70e concours, s’est félicité Martin Green, le directeur de l’Eurovision, après l’annonce du lieu sur les antennes de la radio-télévision publique ORF.
Rendez-vous est donné en mai 2026: la finale se déroulera le 16, en épilogue d’une semaine de festivités.
– 166 millions de téléspectateurs –
Vienne avait aussi accueilli l’Eurovision en 1967, un peu plus de dix ans après sa création. Mais l’événement n’a plus rien à voir avec ses débuts: désormais extravagant, spectaculaire et souvent kitsch, il a été suivi cette année à Bâle par 166 millions de téléspectateurs dans 37 pays, et séduit les nouvelles générations sur les réseaux sociaux.
Avec chaque année, son lot de polémiques: dans les rues de Suisse comme en Suède un an plus tôt, des manifestants propalestiniens avaient protesté contre la participation d’Israël au concours malgré l’offensive menée à Gaza.
Des pays ont déjà été exclus de l’Eurovision, à l’instar du Bélarus en 2021 après la réélection contestée du président Alexandre Loukachenko. La Russie l’a été un an plus tard, après avoir envahi l’Ukraine.
Johannes Pietsch, alias JJ, avait lui-même plaidé pour une édition autrichienne “sans Israël”, avant de s’excuser pour les remous provoqués par ses propos dans son pays.
Le parti d’extrême droite FPÖ a mis en garde contre “une tribune offerte à l’antisémitisme”, étrillant aussi “un spectacle queer, gauchiste et woke”.
– Ode à la différence –
Car l’Eurovision se veut une grande fête pour la tolérance, offrant une importante visibilité à la communauté LGBT+.
En clin d’oeil au concours, Vienne avait installé en 2015 des feux piétons de signalisation mettant en scène des couples gays au lieu du petit bonhomme solitaire. Plébiscités par le public, ces pictogrammes ont perduré et essaimé dans plusieurs villes d’Autriche.
Le maire social-démocrate, Michael Ludwig, a salué mercredi “le message d’ouverture au monde et de coexistence pacifique” de l’Eurovision, qui trouve selon lui une résonance à Vienne, “une ville très cosmopolite, où chacun peut choisir son mode de vie, aussi différent soit-il”.
Face aux critiques sur le coût au moment où le pays alpin, visé par une procédure de la Commission européenne pour déficit excessif, doit se serrer la ceinture, les organisateurs ont promis de faire preuve de vigilance.
La municipalité s’est fixé un plafond de 22,6 millions d’euros et le directeur du concours a lui rappelé les énormes retombées économiques de l’événement, 500.000 visiteurs se sont rendus cette année à Bâle.
L’Eurovision aura lieu, comme en 2015, dans la Wiener Stadhalle, salle de concerts pouvant accueillir jusqu’à 16.000 personnes.
“Together on top” (Ensemble au sommet): la touristique Innsbruck, dans le Tyrol, avait misé sur la carte alpine et son “hospitalité” pour l’emporter mais la ville de 132.000 habitants a perdu le duel face à la capitale, mieux dotée en capacités d’hébergement et extrêmement bien reliée au reste de l’Europe par l’avion et le train.