Le 2 mars dernier, la famille Pernaut a été frappée par un drame qui a bouleversé bien au-delà de son cercle intime : la disparition de Jean-Pierre Pernaut, figure emblématique du journalisme télévisé français. Pendant plus de trois décennies, il avait été la voix familière des après-midis, incarnant un certain art de vivre à la française, entre proximité et sincérité. Mais derrière la personnalité publique adulée, il y avait surtout un père et un mari profondément aimé. Pour son fils Olivier, ce départ fut une déchirure intime dont il tente aujourd’hui de panser les plaies.
Très proche de son père, Olivier a dû trouver la force de lui rendre hommage lors des obsèques, célébrées le 9 mars à la basilique Sainte-Clotilde, à Paris. Dans une atmosphère empreinte de recueillement, il a pris la parole avec émotion. Ses mots, simples et sincères, ont bouleversé l’assistance. « Je me souviendrai toujours du dernier regard échangé la veille de ton opération, papa. Quand je suis parti de ta chambre, nous avions, je crois, les larmes aux yeux tous les deux. Nous n’avions pas envie de nous quitter ce jour-là. Tu méritais tellement de profiter de ta retraite, de te reposer enfin. » Dans ce témoignage, on percevait toute la tendresse d’un fils, mais aussi la douleur de perdre trop tôt un père qui avait tant donné aux autres.
Depuis cette perte, Olivier réapprend à vivre. Il s’appuie sur l’amour des siens, en particulier sur sa femme Catherine Dupont et leurs deux enfants, Rose et Léo. Le 20 mars, Catherine a partagé une photo de leur famille réunie, profitant d’un rare rayon de soleil printanier. Le cliché respire la douceur et traduit une volonté claire : se serrer les coudes, rester unis pour traverser cette épreuve. Dans le sourire fragile d’Olivier, on devine l’effort de tourner la page, de redonner une place à la joie malgré le poids de l’absence.
Car la douleur est toujours là, tapie dans chaque souvenir. Père et fils partageaient bien plus qu’un lien de sang : une passion commune pour les courses automobiles. Jean-Pierre Pernaut, en dehors des plateaux de télévision, vibrait pour les moteurs, les circuits et l’adrénaline des départs. De lui, Olivier a hérité ce « virus », comme il aime à l’appeler. Aujourd’hui pilote automobile et manager d’écurie, il perpétue cette part essentielle de leur complicité.
Ainsi, quelques jours à peine après les obsèques, Olivier a pris la route de l’Espagne pour honorer un engagement sur circuit. Certains auraient pu s’étonner d’un tel retour à la compétition si rapide. Mais pour lui, c’était une manière de rester fidèle à ce que son père lui avait transmis : la passion comme moteur de vie. Monter dans une voiture de course, c’est retrouver une part de Jean-Pierre, sentir sa présence dans le rugissement des moteurs, dans l’odeur de l’essence, dans la tension d’une ligne de départ. Continuer à courir, c’est une façon de lui dire que rien ne s’arrête vraiment, que les liens perdurent autrement.
Le clan Pernaut, bien qu’ébranlé, s’efforce de trouver un nouvel équilibre. La perte d’un patriarche laisse toujours un vide immense, mais elle renforce aussi l’importance de la transmission et de la mémoire. Olivier sait que son rôle, désormais, est de porter l’héritage de son père tout en construisant sa propre voie. Ce double mouvement, entre fidélité et émancipation, est la marque des deuils les plus difficiles.
Il y a, dans la trajectoire d’Olivier depuis le 2 mars, un apprentissage douloureux : celui de la résilience. La mort de son père lui a rappelé à quel point la vie est fragile, imprévisible, mais aussi précieuse dans ses instants les plus simples. Partager un repas en famille, regarder ses enfants jouer, prendre un café au soleil : autant de moments qui prennent désormais une valeur immense. Ce sont ces instants-là qui l’aident à avancer, doucement mais sûrement, vers une forme d’apaisement.
Le public, qui avait tant aimé Jean-Pierre Pernaut, a suivi avec émotion ces étapes. Les images des obsèques, les hommages télévisés, les milliers de messages reçus ont montré que la figure du journaliste dépassait largement l’écran. Mais pour Olivier, au-delà des marques d’affection nationales, il reste le fils qui a perdu son père. Un père avec qui il avait partagé des regards, des confidences, des encouragements avant les courses, des instants de complicité que rien ne remplacera.
Et pourtant, la vie continue. Non pas dans l’oubli, mais dans la fidélité silencieuse à ce que son père lui a transmis. En famille, sous le soleil du printemps, Olivier apprend à sourire à nouveau, conscient que chaque éclat de bonheur est une victoire contre l’absence. Sur les circuits, il poursuit la route entamée ensemble, porté par l’écho d’une passion partagée. Son deuil devient alors une promesse : celle de ne jamais trahir la mémoire d’un père admiré, et de vivre pleinement, comme pour deux.