Le berger allemand n’a pas mangé pendant 7 jours jusqu’à ce qu’il entende une voix familière l’appeler.
Le vent froid balayait les rues désertes, soulevant la poussière et les feuilles mortes en tourbillons silencieux. Dans un coin sombre, sous un vieux porche fissuré, un berger allemand se recroquevillait, le regard perdu dans le vide. Depuis sept jours, il n’avait rien mangé. Sept jours à lutter contre la faim, la fatigue et ce vide immense qui rongeait non seulement son corps, mais aussi son cœur.
Son pelage, autrefois brillant et soyeux, était désormais terne et emmêlé. Ses côtes saillaient sous la peau, et chaque mouvement lui demandait un effort colossal. Mais le plus douloureux n’était pas la faim. Non… Ce qui l’anéantissait, c’était l’absence. L’absence de cette voix chaude et rassurante qui, pendant des années, avait guidé chacun de ses pas.
Il se souvenait… Les matins ensoleillés où son maître l’appelait dans le jardin :
« Viens, Rex ! »
Et lui, bondissant de joie, accourait, la queue battant l’air comme un drapeau de bonheur. Les promenades dans les champs, les longues soirées d’hiver au coin du feu… Chaque instant avait été gravé dans sa mémoire comme une promesse éternelle. Mais tout avait changé. Une porte qui claque. Un départ précipité. Des jours qui s’allongent sans retour.
Depuis, Rex errait, sans comprendre pourquoi cette main qui l’avait toujours caressé n’était plus là. Il avait cherché, flairant chaque odeur, scrutant chaque visage dans la foule, mais aucun n’était le sien. La ville était devenue un labyrinthe de bruits étrangers et de regards indifférents.
Le premier jour sans nourriture, il avait encore l’énergie de marcher, de fouiller les poubelles à la recherche de quelques restes. Le deuxième jour, ses pattes commençaient à trembler. Le troisième, il se contentait de boire l’eau sale des flaques. Les jours suivants, il restait de plus en plus souvent immobile, économisant la moindre parcelle d’énergie, observant les passants d’un air à la fois suppliant et résigné. Mais personne ne s’arrêtait.
La nuit du septième jour, un orage éclata. La pluie battait les toits, ruisselait dans les rigoles, transformant les ruelles en rivières boueuses. Rex, trempé, grelottait. Chaque goutte semblait marteler un peu plus sa solitude. Ses oreilles se baissèrent, et il posa la tête sur ses pattes, prêt à s’abandonner au sommeil… peut-être pour ne plus se réveiller.
Puis, au milieu du grondement du tonnerre et du martèlement de la pluie, un son… Une voix. Faible d’abord, comme portée par le vent. Mais il la reconnut instantanément. Cette voix !
« Rex !… »
Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Était-ce un rêve ? Avait-il perdu la raison au point d’entendre des illusions ? Mais non… La voix se rapprochait. Tremblant, il leva la tête. Ses oreilles se redressèrent malgré l’épuisement. Un mélange de peur et d’espoir envahit son corps.
« Rex ! C’est moi ! »
Cette fois, il n’y avait plus de doute. C’était lui. Son maître. Son ami. Son univers tout entier. D’un élan presque miraculeux, Rex se redressa. Ses pattes vacillèrent, mais il avança. Un pas. Puis un autre. Et soudain, il courut — ou plutôt, il trébucha à toute vitesse — guidé par le timbre de cette voix qu’il avait tant attendue.
Et là, au bout de la rue, dans la lumière vacillante d’un lampadaire, il le vit. Trempé jusqu’aux os, le visage marqué par la fatigue et l’angoisse, mais les yeux… Ces yeux brillaient de soulagement et d’amour. Le maître s’agenouilla, les bras grands ouverts.
Rex bondit dans ses bras, oubliant la faim, la pluie, le froid. Il enfouit sa tête contre sa poitrine, respirant cette odeur familière qui dissipait en un instant toutes les peurs accumulées. Le maître sanglotait. Des mots se mêlaient aux larmes :
« Pardonne-moi… je t’ai cherché partout… Je ne t’abandonnerai plus jamais. »
Les doigts glissèrent dans le pelage trempé, le frictionnant pour le réchauffer. Rex ferma les yeux, savourant chaque caresse comme une bénédiction. Le monde autour pouvait bien disparaître, il n’avait plus besoin de rien. Il avait retrouvé sa voix, son phare dans la tempête.
Ensemble, ils quittèrent la rue, s’éloignant vers un endroit où la chaleur, la nourriture et l’amour les attendaient. Mais pour Rex, le plus important, c’était que la faim ne rongerait plus jamais son cœur. Il avait retrouvé son maître… et avec lui, la vie.