Si Vianney cherche à se consoler, il peut se dire qu’il n’est pas le seul à être visé. Eddy Mitchell a également fait savoir qu’il n’appréciait ni Juliette Armanet (« elle a des soucis de tonalité »), ni Benjamin Biolay (« je n’aime pas ses arrangements, et ses chansons ne m’intéressent pas »). En 2018, Christine and the Queens avait également été taillée en pièces par l’ancien acolyte de Johnny Hallyday. Finalement, c’est toute la génération qui ne trouve pas grâce aux yeux du grand Eddy :

Vocalement, c’est riquiqui. Où sont les grandes voix ? En général, ils font très bien leur truc mais pour moi, un chanteur, ça doit chanter, irradier. Là, ça murmure, ça susurre des soucis existentiels et nombrilistes.

D’ordinaire salué et adoubé par tout le monde, Vianney tient visiblement son premier réfractaire en la personne d’Eddy Mitchell. Une sortie aussi détonante qu’étonnante de la part de « Schmoll », qui ne nous avait pas habitués à être de ces anciens qui critiquent aisément la jeune génération. Mais il faut croire qu’il y a un début à tout !

Eddy Mitchell, figure incontournable de la chanson française, n’est plus un jeune homme, mais à 81 ans, il n’a rien perdu de sa verve et de son franc-parler. Depuis plusieurs décennies, il fait partie de ces artistes dont les opinions comptent et résonnent dans le monde de la musique. Mais récemment, ses prises de position sur la nouvelle génération d’artistes ont fait l’effet d’un coup de tonnerre. Loin de la retenue à laquelle on pourrait s’attendre de la part d’un artiste aussi respecté, ses propos ont été acerbes, voire mordants, à l’égard de plusieurs jeunes chanteurs, dont Vianney.

Dans une interview accordée au Point, Eddy Mitchell a visé Vianney avec une comparaison assez tranchée, qualifiant ce dernier de “nouvel Adamo”. En prenant pour référence le chanteur Salvatore Adamo, qui a marqué les années 60 avec son image de gendre idéal, Mitchell semble sous-entendre que Vianney manque d’authenticité, une image qu’il n’apprécie pas particulièrement. Et cette pique ne s’arrête pas là : “Il a une tronche de gendre idéal”, lance-t-il, sans détour. Une remarque aussi brève que cinglante, qui ne manque pas de susciter la surprise, d’autant plus qu’elle émane d’un artiste habitué à jouer sur des tons plus décalés et moins conventionnels.

Mais Eddy Mitchell n’en est pas à sa première critique de la jeune scène musicale. Ce n’est pas la première fois qu’il exprime son mécontentement vis-à-vis des artistes d’aujourd’hui. Il avait déjà porté des jugements assez durs sur des figures comme Juliette Armanet, Benjamin Biolay, ou encore Christine and the Queens. À l’égard de la chanteuse Juliette Armanet, il avait estimé qu’elle “avait des soucis de tonalité”, tandis qu’il reprochait à Benjamin Biolay de “ne pas l’intéresser”, notamment en raison de ses arrangements et de ses chansons qu’il jugeait peu convaincants.

Lors de plusieurs interviews passées, il a souvent exprimé son regret de voir des voix moins puissantes et marquantes dominer la scène musicale contemporaine. “Vocalement, c’est riquiqui”, avait-il déploré, soulignant que, selon lui, “un chanteur, ça doit chanter, irradier”. Il semble donc que l’évolution de la musique actuelle, avec ses intonations plus douces, ses récits plus introspectifs et ses préoccupations existentialistes, ne trouve pas grâce à ses yeux. Eddy Mitchell, fidèle à sa propre époque, déplore une certaine perte de puissance vocale et de charisme, des qualités qu’il associe à un chanteur véritable.

Mais derrière ces critiques acerbes, il ne faut pas oublier que ce qui caractérise réellement Eddy Mitchell, c’est son immense respect pour l’histoire de la chanson française. Il n’hésite pas à critiquer ceux qui, à ses yeux, dévient de cette tradition, préférant l’authenticité, la puissance et la sincérité de la chanson d’antan. Pour lui, l’âge d’or de la musique populaire semble bel et bien révolu, et il l’observe avec une forme de nostalgie teintée de regret. En ce sens, ses propos peuvent aussi être vus comme un appel à revenir aux sources de la chanson française, à une époque où chaque chanson était une véritable œuvre d’art, une expression à part entière.

Eddy Mitchell a toujours cultivé une image de rebelle, mais cette fois-ci, ses critiques ont une saveur particulière. Elles ne viennent pas d’un jeune artiste en quête de notoriété, mais d’un monument vivant de la chanson française qui, tout en affirmant son amour pour la musique, déplore les dérives qu’il perçoit dans la scène actuelle. Pour lui, l’essence du chanteur, c’est de transmettre de l’émotion, de l’authenticité, et de ne pas se contenter de simples artifices.

Cette prise de position surprenante, si elle choque certains, ne manque pas de nourrir le débat sur l’évolution de la chanson populaire. Les jeunes artistes, comme Vianney, doivent désormais accepter que leur place sur la scène musicale soit remise en question par ceux qui ont pavé la voie avant eux. Dans ce contexte, Eddy Mitchell semble non seulement critiquer, mais aussi inciter à une réflexion sur l’avenir de la musique et de son héritage.