“Il était mon frère jumeau” : Brigitte Bardot en deuil, elle annonce une très triste nouvelle.
PARIS — C’est une voix qui s’éteint. Christian Brincour, grand reporter respecté, figure emblématique de Paris Match, RTL et TF1, s’est éteint le 1er septembre à l’âge de 90 ans. Dans un message d’une poignante sobriété, Brigitte Bardot, choisissant des mots empreints de douleur et d’admiration, l’a salué en ces termes : « est affreux. J’ai le cœur en mille morceaux. Mon ami, mon jumeau, ma brinque. » Ainsi débute aujourd’hui le chagrin et l’hommage que lui rend la France entière.
Un Reporter au Cœur de l’Histoire
Né il y a un siècle, Christian Brincour a incarné la figure du grand reporter moderne : témoin à vif, au cœur des conflits, homme de terrain et de vérité. Dès ses débuts, il a couvert certains des théâtres de guerre les plus brûlants du XXᵉ siècle : l’Algérie, le Vietnam, le conflit des Six-Jours… À chaque mission, il embarquait avec lui l’engagement, le courage et l’humanisme. Il ne se contentait pas de raconter : il vivait aux côtés de ceux qu’il couvrait, partageant leur daily battle pour rendre justice à leur histoire.
Une Plume et une Voix Respectées
Christian Brincour ne fut pas seulement un témoin, mais également une voix qui comptait dans les rédactions. À Paris Match, il a imposé un style sans concessions, un sens aigu du récit visuel, une exigence de vérité. Les journalistes d’aujourd’hui se souviennent encore de ses reportages minutieusement préparés, souvent réalisés dans des conditions extrêmes, sans jamais céder à la peur ou aux facilités narratives.
Sa présence aux micros de RTL, puis à l’écran de TF1, ont fait de lui non seulement un témoin mais une personnalité publique d’impact. Son professionnalisme, sa rigueur, sa bienveillance — parfois teintée d’une ironie discrète — ont bâti la légende d’un homme que l’on écoutait d’abord, avant même de regarder.
Belmondo le Camarade, Bardot la Sœur d’Âme
Au-delà de ses qualités journalistiques, Christian Brincour cultivait des liens sincères avec ceux qu’il croisait. L’un de ses amis les plus célèbres fut Jean-Paul Belmondo, compagnon de route, garde du corps moral des passions partagées : cinéma, liberté, engagement. Le lien entre eux dépasse l’anecdote : c’était une fraternité creusée dans l’admiration mutuelle, la liberté de ton et le respect de l’autre.
Et c’est Brigitte Bardot, en amie fidèle, qui prend la parole aujourd’hui. Son message, bouleversant par sa brièveté, dit l’essentiel : « est affreux. J’ai le cœur en mille morceaux. Mon ami, mon jumeau, ma brinque. » Des mots d’une simplicité déchirante, où transparaissent la tendresse infinie, la douleur d’une rupture et l’adieu poignant d’une complicité profonde.
Hommages et Héritage
Les hommages affluent de tous côtés. Dans les rédactions, ses anciens collègues évoquent un homme exigeant, capable de moments de chaleur inattendus. Dans les rédactions actives : « Il imposait le sérieux, oui, mais aussi le sourire, l’écoute. Une perle rare », résume, la voix encore tremblante, une éditorialiste de RTL.
Les lecteurs de Paris Match, eux, reconnaissent son regard lucide et humain. Chaque reportage signé Brincour renvoyait à une époque où les mots, les images, avaient un poids. Où le reportage était un acte, pas un produit. Aujourd’hui encore, ses écrits ou ses interventions restent des modèles de clarté et de dignité.
Un Vide à Combler
À 90 ans, Christian Brincour n’était pas qu’un vétéran : il était une conscience. Oui, bien sûr, l’âge marque la retraite, puis l’oubli. Mais pour des hommes comme lui, la retraite ne signifie pas effacement. Aujourd’hui, c’est la page d’un livre immense qui se tourne, d’un chapitre grandiose qui se clôt. Avec lui part un homme au regard vif, à l’oreille acérée, au cœur toujours en éveil.
Pour son fils Marc, il reste un père, un repère, une intransigeance douce. Michel Poulet, ex-rédac-chef de Paris Match, le résume très bien : « Brutalement, le monde perd un repère de l’écrit et de la voix. Brincour c’était un style, c’était un tempérament. Une étoile rare. »
Aujourd’hui, alors que la voix de Christian Brincour ne portera plus sur les ondes, son écho résonnera. Dans la salle de rédaction, parmi les jeunes reporters, dans les lettres de lecteurs et dans les archives visuelles.
Brigitte Bardot, en quelques mots simples, nous dit tout : un lien profond a été brisé. Un frère de plume s’en est allé. Les blessures sont là, délicates et profondes : « mon cœur en mille morceaux ». À travers cette douleur, le pays se rappelle qu’un géant s’est éteint — et que l’exigence, l’intelligence et la bonté humaine peuvent illuminer un parcours.
Reposez en paix, Christian Brincour — vous avez servi avec bravoure l’histoire, et vous resterez la boussole de nombreuses plumes à venir.
Un homme qui préférait le terrain aux projecteurs
Christian Brincour n’a jamais cherché la lumière pour lui-même. Là où d’autres auraient capitalisé sur leur notoriété, lui choisissait l’ombre des coulisses, l’adrénaline des terrains minés et le risque permanent du reportage de guerre. Sa grandeur résidait dans cette capacité à s’effacer derrière l’événement, à donner toute la place aux faits, aux témoins, aux anonymes pris dans la tempête de l’Histoire.
Nombreux sont ceux qui se souviennent de lui, casque vissé sur la tête, carnet en main, dans une tranchée ou un camp de réfugiés. Il posait toujours la même question, d’une voix calme et grave : « Qu’est-ce que vous voulez que le monde sache ? » Ce n’était pas l’ego qui guidait son stylo, mais la volonté farouche de porter les récits des sans-voix jusque dans les foyers français.
Une rigueur journalistique devenue légendaire
Ceux qui ont travaillé à ses côtés racontent ses nuits blanches à relire, corriger, reformuler, tant qu’il n’avait pas atteint la précision et l’équilibre recherchés. Pour lui, un mot mal choisi pouvait déformer une vérité, et il refusait de céder à l’approximation. Dans un monde médiatique parfois dominé par la rapidité au détriment de la rigueur, Brincour incarnait une exigence quasi académique.
Il ne se contentait pas de rapporter les faits : il contextualisait, expliquait, mettait en perspective. Il savait transformer l’horreur brute en récit intelligible, sans jamais perdre la dignité des victimes ni céder au sensationnalisme.
L’héritage d’un passeur de mémoire
À l’heure où le journalisme traverse une crise de confiance, l’exemple de Christian Brincour prend une valeur de repère. Il rappelle qu’informer n’est pas divertir, mais éclairer. Qu’un reportage n’est pas un produit jetable, mais une trace durable qui nourrit la mémoire collective.
Pour les jeunes générations de journalistes, son héritage est clair : il faut être présent là où l’Histoire s’écrit, coûte que coûte, et rester fidèle à une éthique intransigeante.
Christian Brincour laisse derrière lui un vide, mais aussi une mission : continuer à regarder le monde avec courage, lucidité et humanité. Car, comme il aimait le dire : « Le rôle d’un reporter n’est pas de juger, mais de montrer, pour que chacun puisse comprendre. »