Samuel Le Bihan : L’homme mystérieux derrière la force tranquille
À 57 ans, Samuel Le Bihan a connu le haut de l’affiche avant d’être délaissé par le monde du cinéma. À la télé, en production et dans sa vie privée, il a toujours su rebondir. Portrait d’un instinctif combatif qui n’a jamais rien lâché.
“J’aurais pu être mécanicien.” Voilà ce que déclarait Samuel Le Bihan dans l’une de ses toutes premières interviews, accordée au Figaro à la fin du siècle dernier. C’est vrai que celui qui réunit, depuis bientôt dix ans, régulièrement 5 millions de téléspectateurs devant France 2, avec son personnage de flic taiseux Alex Hugo, ne semblait pas vraiment prédestiné à rassembler les foules. Samuel voit le jour le 2 novembre 1965 à Avranches, dans la Manche.
Pétards et conneries
Son père est laveur de vitres, sa maman fait des ménages quand elle ne reste pas au foyer. Une famille très modeste, depuis des générations. Les grands-parents maternels sont agriculteurs et du côté paternel, on est pêcheurs dans le Finistère. Samuel et sa sœur vont d’abord grandir entre Paris et la banlieue, puis à Brest. On est loin des scènes de théâtre où le futur acteur s’illustrera plus tard.
À l’école, Samuel est indiscipliné. Il fume sa première cigarette en CM2, se met aux pétards à l’adolescence, fait quelques conneries et est plutôt du genre cancre qu’intello. C’est pourtant grâce à un professeur de français, en l’occurrence, qu’il va découvrir sa vocation. Il est en troisième et cet enseignant demande chaque semaine aux élèves d’apprendre un poème et de venir le déclamer devant le reste de la classe. Samuel l’introverti prend vite goût à cette minire-présentation et s’essaie à faire des sketchs devant ses camarades.
Il ne se rend cependant pas tout de suite compte qu’il a trouvé sa voie, et sa voix. Le brun baraqué s’engage d’abord dans un BTS de dessin industriel, rêve des Beaux-Arts et de devenir peintre. Mais tout change lorsqu’il accompagne des copains à un cours de théâtre. Il monte alors sur les planches pour la première fois et ne les quittera plus.
Déterminé, il multiplie les petits boulots, gardien de nuit, coursier, barman ou encore ouvrier à la chaîne chez Renault, afin de joindre les deux bouts. À côté, il suit le Cours Florent. C’est la galère, il dort parfois dans la rue, mais il ne lâche rien. Samuel veut réussir et il y parviendra, il en est persuadé. Il a raison. Au départ, le grand brun ne joue pas vraiment les jeunes premiers dans de grands théâtres. Ses scènes sont à ciel ouvert et se nomment du nom des rues qu’il arpente à Paris, Vienne ou Venise. Il joue les mimes burlesques, les fakirs tendance clown et même les cracheurs de feu à l’occasion, devant le parvis de Beaubourg. Un punk à chien sans chien, en somme. Il se fera même arrêter par la police à Venise parce qu’il n’a pas l’autorisation de jouer.
Qu’importe, il y croit et se forge un caractère. “Comme tous milieux, la rue a ses codes, j’ai dû les apprendre. Ça m’a fait un bien fou car ça m’a obligé à aller vers les autres, à sortir de ma coquille”, explique-t-il à Libération, en 2014. Sa persévérance et son talent vont finir par payer. Il va entrer à la prestigieuse école de la rue Blanche (ENSATT) et au Conservatoire, qui lui donne accès à une bourse. “Je ne roulais toujours pas sur l’or, mais ça a tout changé, je m’en suis servi comme d’un ascenseur social. J’avais un désir très très fort de réussir, beaucoup d’ambition et je travaillais en conséquence”, confiait-il récemment à Ouest France. À 27 ans, le fils de prolo entre à la Comédie-Française. Pendant quatre ans, il va jouer les plus grands textes du répertoire. Il aime le théâtre certes, mais veut aussi s’essayer à l’écran. Samuel frappe aux portes, s’impose à la hussarde dans les castings où il n’est pas invité.
Il s’invite dans des castings
S’il y a bien une chose que lui ont transmise ses parents, c’est le goût du travail et de la persévérance. Il ira même jusqu’à passer un an comme auditeur libre à l’Actors Studio, à New York, pour se perfectionner. Ça va payer. Il y aura quelques téléfilms d’abord puis, enfin, le cinéma. Avec Vénus Beauté et Le Pacte des loups, la presse commence à voir, dans sa carrure de déménageur et sa gueule de charmeur, le nouveau Depardieu. Il avoue alors un léger syndrome de l’imposteur, mais continue d’avancer. Le cinéma d’auteur ne lui fait pas peur, mais il ne refuse pas les bonnes grosses comédies populaires.
Certains commencent à lui reprocher ses rôles dans des films comme Jet Set ou Trois Zéros. Lui se justifie en disant qu’il aime aussi ce cinéma-là, qui s’adresse à ses parents. “Il est impulsif, parfois un peu mal dégrossi, mais il est généreux et n’aime pas qu’on le chatouille au motif qu’il n’est pas du sérail. Il n’a pas fait que des films géniaux, c’est certain, mais qui peut y prétendre ?” racontait l’un de ses proches à Libération, en 2014. L’argent ? Il ne lui brûle pas les doigts.
Oui, il se fait plaisir, mais il off re aussi une maison à sa mère. Le cinéma le boude ? Le Gorafi moque son talent qui aurait disparu ? Le gaillard prend alors les choses avec philosophie. Il monte sa propre boîte de production et va tourner un documentaire sur les réfugiés qui vivent dans les égouts d’Oulan-Bator. L’amour, c’est comme le travail, il va le chercher là où il est. Ce sera chez les téléspectateurs de France 2 pour le public, et auprès de ses enfants dans le privé. Jules, 28 ans, Emma-Rose, sa petite dernière de 5 ans, et Angia, qui aura 12 ans en décembre et qui souffre d’autisme, sont ceux qui le nourrissent au quotidien. Un homme, un vrai.
Sa fille autiste, sa bataille
Angia voit le jour en décembre 2011 et elle est diagnostiquée autiste à l’âge de 22 mois. “Quand Angia est née, je me suis dit que je ne serais pas é crasé par ce handicap, que, quoi qu’il arrive, j’en ferais une source de bonheur. Moi qui vivais au jour le jour, je suis désormais très organisé, responsable, je me projette dans l’avenir. Le handicap fait grandir plus vite. Que deviendra-t-elle quand je ne serai plus là ? C’est une question permanente que toutes les familles se posent”, explique celui qui a la garde de sa fille depuis 2015. Sa fille et l’autisme sont devenus les combats de sa vie. Il en a fait un livre, Un bonheur que je ne souhaite à personne, édité chez Flammarion.
Les femmes de sa vie

“J’ai toujours pensé que, dans une histoire d’amour, dès que l’on se croit installé, que l’on croit que c’est gagné, on met les choses en péril. Une histoire d’amour se gagne tous les jours”, confiait Samuel à Gala, en 2022. Ses premières amours, il les vit à l’adolescence à Brest avant de rencontrer la comédienne Patricia Franchino qui sera la mère de son fils Jules, né en 1995. Puis il va croiser la mannequin et styliste d’origine camerounaise et gabonaise, Daniela Beye, durant le tournage du Pacte des loups. Ils parlent tous les deux d’un “amour fou, avec des hauts et des bas, comme les montagnes russes. Et beaucoup de passion”, dans Paris Match en 2008. Leur love story s’achèvera en 2016 et c’est Samuel qui obtiendra la garde leur fille Angia (lire encadré). Le beau brun rencontre alors la mannequin et DJ vietnamienne Angie Vu Ha, avec laquelle il aura une petite Emma-Rose le 13 août 2018. Leur histoire ne dure pas et, en 2021, son cœur chavire pour une autre bombe, la top-modèle espagnole Stefania Cristian. Après une première séparation en 2022, le couple se remet ensemble mais connaît des turbulences. On ne les a pas revus ensemble depuis le printemps dernier.