« Jackpot ! » Comment la police française a libéré un otage de cryptomonnaies dont le doigt avait été sectionné contre rançon
PARIS (AP) — Craignant que les ravisseurs ne sectionnent un autre doigt de leur otage ou pire, le commandant de la police française a ordonné à ses officiers — avec un ordre radio « Go » — de perquisitionner la maison où il soupçonnait que le père d’un riche entrepreneur en cryptomonnaie était détenu.
Fabrice Gardon, directeur de la police judiciaire de Paris, attendait alors avec anxiété au siège de son unité, dans le nord de la capitale française, le mot de code utilisé pour signaler la libération d’un otage.
Finalement, c’est arrivé : « Jackpot ! »
Avec sept suspects en garde à vue, le commandant de police a détaillé dans des interviews radio lundi les 58 heures de drame, de mutilation et enfin de soulagement qui ont marqué le dernier enlèvement en France de personnes travaillant dans le secteur des cryptomonnaies.
La victime était le père d’un homme qui avait fait fortune dans les cryptomonnaies, a indiqué le parquet.
Des agresseurs cagoulés l’ont poussé dans une camionnette alors qu’il sortait de son domicile parisien pour promener son chien jeudi matin, a déclaré Gardon. Il a précisé que des passants avaient alerté la police.
S’adressant à la radio RTL, il a confirmé les informations des médias français selon lesquelles les ravisseurs auraient sectionné un doigt de l’otage. Il a déclaré avoir envoyé à son fils une vidéo de la mutilation et une autre vidéo de son père ligoté, et avoir exigé des millions d’euros de rançon.
Samedi soir, la police a retrouvé la trace du gang jusqu’à une maison de l’Essonne, au sud de Paris, où les enquêteurs pensaient que l’homme était détenu.
« Nous sommes arrivés quelques minutes avant un nouvel ultimatum où la victime aurait pu à nouveau subir une mutilation », a déclaré Gardon.
Il a donné le feu vert à une intervention de la Brigade de Recherche et d’Intervention (BRI). Il a ensuite suivi son évolution par radio depuis le commissariat de police judiciaire.
« Au bout de quelques instants, le chef de la BRI a lancé à la radio – en utilisant notre code – “Jackpot !” Dans notre jargon, cela signifie : “Tout va bien. Nous avons libéré l’otage” », a-t-il déclaré sur France Info.
« Évidemment, c’était un grand soulagement », a-t-il déclaré.
Le parquet a déclaré que la police avait arrêté quatre personnes à l’intérieur ou à proximité de la maison où l’homme était retenu captif, ainsi qu’une cinquième personne au volant d’un véhicule qui aurait été utilisé pour l’enlèvement présumé.
Deux autres suspects ont été arrêtés dimanche, a-t-il ajouté.
L’enquête policière porte sur une série d’accusations criminelles possibles, notamment l’enlèvement « avec torture ou acte barbare ».
En janvier, la police a déclaré qu’un cofondateur de la société française de portefeuilles cryptographiques Ledger, David Balland, avait également été kidnappé avec sa femme à leur domicile dans la région du Cher, dans le centre de la France.
La police a déclaré avoir procédé à 10 arrestations et que les ravisseurs présumés avaient exigé une rançon en crypto-monnaie à un autre cofondateur de Ledger.
Un raid du Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN), unité d’élite spécialisée dans les prises d’otages, a permis de libérer Balland le lendemain, suivi le surlendemain par la libération, toujours par le GIGN, de son épouse, retrouvée ligotée dans un véhicule, a indiqué la police.
