À l’université de Hilltop, une institution réputée pour son excellence académique, le nom de Danella Thomas était sur toutes les lèvres. Elle n’était pas seulement une étudiante ; elle était un phénomène. Dotée d’une intelligence fulgurante et d’une capacité de travail hors norme, Danella excellait dans chaque matière, remportait chaque concours et surclassait ses pairs avec une facilité déconcertante.
Ses professeurs la citaient en exemple, ses camarades la regardaient avec un mélange d’admiration et d’envie. Elle semblait destinée à un avenir exceptionnel, une étoile filant droit vers le succès. Mais derrière l’éclat de ses réussites se cachait une obscurité profonde, un secret si lourd et si étrange qu’il défiait l’entendement.
Au début, l’étonnement généralisé face à ses capacités laissait place à des murmures. Comment une seule personne pouvait-elle accumuler autant de connaissances et anticiper les questions d’examen avec une telle précision ? La jalousie a commencé à s’installer, notamment chez des rivales comme Lisa, qui ne pouvaient accepter d’être constamment dans son ombre. Les rumeurs allaient bon train : trichait-elle ?
Avait-elle accès à des informations privilégiées ? La vérité, cependant, était bien plus sinistre que quiconque aurait pu l’imaginer. Le secret de Danella n’était pas une méthode de triche, mais une présence. Une seconde tête, invisible aux yeux de tous, reposait sur son épaule gauche. Elle l’appelait Salem.
Salem n’était pas une hallucination. Pour Danella, il était aussi réel que le souffle dans ses poumons. Cette entité spectrale était la source de son savoir surnaturel. Durant les examens les plus ardus, Salem lui soufflait les réponses à l’oreille. Avant les débats les plus compétitifs, il lui fournissait des arguments imparables. Il était son confident, son tuteur secret, son avantage déloyal sur le monde. Mais ce don avait un prix terrible. Danella vivait dans une solitude angoissante, isolée par un secret qu’elle ne pouvait partager avec personne. Son succès ne lui appartenait pas vraiment, et la peur constante que Salem puisse la quitter la rongeait de l’intérieur. Qui était-il ? D’où venait-il ? Ces questions la hantaient, la maintenant dans un état de vigilance et d’anxiété permanent.
La présence de Salem était à la fois une bénédiction et une malédiction. Lorsque Lisa, consumée par la jalousie, tenta de la piéger en cachant des copies volées d’un quiz sous son oreiller, Salem intervint. L’entité invisible déplaça les preuves et les plaça sous l’oreiller de Lisa, retournant le piège contre sa créatrice et provoquant sa suspension. À ce moment-là, Danella ressentit une vague de soulagement. Salem était son protecteur. Mais la dynamique de leur relation était sur le point de basculer de manière terrifiante.
Lentement, insidieusement, Salem commença à changer. L’allié serviable devint une présence exigeante, puis un manipulateur cruel. Il ne se contentait plus de l’aider. Il voulait le contrôle. Durant les interrogations, il se mit à lui donner intentionnellement de mauvaises réponses, la regardant échouer avec un plaisir sadique. Il la poussait à adopter des comportements qui heurtaient sa nature profonde : rire du malheur des autres, voler des objets insignifiants dans les magasins, mentir à ses proches. Danella sentait son propre libre arbitre s’éroder, comme si elle devenait une simple marionnette dont Salem tirait les ficelles.
La transformation s’accéléra. Danella, autrefois studieuse et réservée, se retrouva à sortir faire la fête jusqu’au bout de la nuit, à boire plus que de raison, à se réveiller dans des endroits inconnus sans aucun souvenir de la manière dont elle y était arrivée. Salem prenait le contrôle de son corps, la forçant à vivre une vie qui n’était pas la sienne, une vie de chaos et d’autodestruction. Elle était prisonnière de sa propre chair, une spectatrice horrifiée de ses propres actions.
Le point de non-retour fut atteint une nuit, après une de ces escapades forcées. En entrant dans sa chambre, elle le vit. Pour la première fois, Salem n’était pas une simple voix ou une présence invisible. Il était là, sous une forme physique, tangible. Un jeune garçon, couvert de sang et de contusions, son visage tordu par une agonie éternelle. La vision était si insoutenable que Danella crut perdre la raison. Le spectre la fixa de ses yeux vides, et la vérité, froide et tranchante comme un éclat de verre, tomba de ses lèvres spectrales.
Il n’était pas une entité née de son imagination. Il était un fantôme. Le fantôme d’un enfant assassiné. Et alors que Danella était paralysée par la terreur, il lui livra le coup de grâce, la révélation qui fit voler en éclats tout son univers. Il pointa un doigt tremblant non pas vers un ennemi lointain, mais vers la source même de sa vie. “C’est elle”, murmura-t-il, sa voix un écho venu d’outre-tombe. “C’est ta mère qui m’a tué.”
Le spectre se jeta alors sur elle, ses mains glacées se refermant autour de sa gorge. Le monde de Danella bascula dans une obscurité totale, la laissant seule face à une question monstrueuse : sa mère, la femme qui l’avait mise au monde, était-elle une meurtrière ? Et quel lien infernal unissait son propre destin à celui de l’enfant fantôme qui la hantait ? Le secret n’était plus seulement le sien ; c’était un crime sanglant qui menaçait de les engloutir tous.