Pierre Perret : la mort de sa fille Julie a fait exploser sa famille en milles morceaux.

Epanoui dans sa vie d’artiste, Pierre Perret, qui a fêté ses 87 ans le 9 juillet dernier, cache en réalité un passé meurtri. En 1962, le chanteur épouse Simone Mazaltarim, qu’il a ensuite renommé en Rebecca. Ensemble, le couple aura trois enfants. En 1962, des jumeaux, Anne et Alain et en 1963, la dernière, Julie.

Mais à l’été 1995 la famille va connaître un drame irréversible : la mort de Julie, la benjamine à seulement 32 ans. Si cela a été difficile pour ses parents de surmonter cette terrible épreuve, ils ont néanmoins réussi a rester ensemble dans la douleur. Mais 26 ans plus tard, la douleur est toujours aussi fort.

“C’est la pire chose qui puisse arriver dans l’existence de quelqu’un et c’est tellement toujours omniprésent quand il est arrivé une chose comme ça, qu’on n’a pas envie d’en parler”, confiait l’artiste à Alessandra Sublet en 2013, sur le plateau de Fais-moi une place, sur France 5. Des déclarations rares, même s’il évoque également le sujet dans son autobiographie Café du pont, parue en 2005 aux Editions du Cherche-Midi.

Il évoque ouvertement la mort
Ce jeudi 9 septembre, le chanteur est invité sur le plateau de La boîte à secrets sur France 3, une émission de confidences présentée par Faustine Bollaert. De nombreuses célébrités y sont déjà passées comme Kendji Girac, Laetitia Millot ou encore Patrick Fiori. On imagine donc que l’artiste se prêtera volontiers au jeu et avouera ses derniers secrets enfouis, notamment sa relation distante avec ses petits-enfants.

Et s’il n’évoque pas le drame de la mort de sa fille, Pierre Perret pourrait parler de la mort en général. La sienne, il l’évoque ouvertement dans les médias. Invité sur le plateau de L’instant de Luxe sur la chaine Non Stop People, l’interprète du Zizi a notamment évoqué sans aucun tabou la mort.

“Pourvu que je finisse l’année ! Oui, ça m’emmerderait, je voudrai encore faire Pleyel au mois d’octobre !”, a-t-il lâché sans sur le ton de l’humour. Il avoue “toujours” penser à la fin de sa vie : “Je me lève, je me touche et je me dis : ’pu****, t’es encore vivant ?!’ Quand j’avais 15 ans, je me disais : ’m**de tu n’es pas passé sous un train’. J’ai toujours pensé à ça, tout le temps ! Et ce n’est pas pour autant que ça vous fait mourir. Le plus grand fléau d’une vie, c’est la lucidité”.

Lorsqu’on voit Pierre Perret aujourd’hui, on a l’impression de rencontrer un homme encore jeune, à peine âgé de soixante-quinze ans. Pourtant, sa carte d’identité rappelle qu’il approche désormais doucement mais sûrement des quatre-vingt-dix ans.

Ce contraste entre son allure et son âge véritable ajoute encore à l’aura mystérieuse de ce monument de la chanson française. Depuis des décennies, il occupe une place unique avec ses chansons à texte, pleines de tendresse, d’humour et d’humanité. Mais derrière l’image publique, se cache une histoire personnelle marquée par un drame que l’artiste a toujours gardé dans une grande pudeur.

C’est au début des années soixante qu’il rencontre sa compagne, qu’il épouse en 1962. Ensemble, ils forment une famille. Cette même année naissent des jumeaux, Anne et Alain, et l’année suivante, en 1963, arrive leur troisième enfant, Julie, la petite dernière.

Mais le bonheur familial sera brisé par un terrible drame : à l’été 1995, Julie meurt à seulement trente-deux ans. La disparition de cette benjamine laisse une blessure irréparable dans le cœur de Pierre Perret et de son épouse. Comme tous les parents qui connaissent une telle tragédie, ils traversent une épreuve insurmontable. Le chanteur l’a d’ailleurs confié : perdre un enfant est sans doute la pire chose qui puisse arriver dans une vie.

S’il s’est toujours montré très discret sur cette perte, il en a tout de même parlé dans son autobiographie Café du Pont publiée en 2005, ainsi que lors d’une émission télévisée en 2013. À cette occasion, il admettait que la douleur restait omniprésente, si vive qu’on n’a pas envie d’en parler.

Cet aveu rare témoigne de la profondeur de sa souffrance, mais aussi de la pudeur de l’homme. En 2021, dans un entretien, il a même ironisé avec un humour noir qui le caractérise, en expliquant qu’il se réveillait chaque matin étonné d’être encore vivant, conscient que la fin de la vie est toujours là, en embuscade.

Cependant, ce drame a également fragilisé sa famille. Comme cela arrive parfois dans de telles épreuves, les liens se sont distendus. Pierre Perret a reconnu lui-même qu’une dispute durable avait éclaté avec ses enfants et même ses petits-enfants.

Il a confié ne pas savoir s’il avait des arrières petits-enfants, signe de la rupture. Selon ses propres mots, ses enfants ne lui ont jamais pardonné son absence durant leur enfance, une absence expliquée par sa carrière musicale qui l’occupait sans relâche. Comme pour beaucoup d’artistes, il a été difficile de concilier une vie professionnelle aussi exigeante avec la construction d’un cocon familial solide.

Aujourd’hui encore, Pierre Perret reste marqué par cette contradiction entre une carrière exceptionnelle et une vie privée douloureuse. Ses chansons continuent de séduire et de faire rire, mais l’homme cache des cicatrices profondes. Il est possible, redoute-t-on, qu’il quitte un jour ce monde toujours fâché avec une partie de sa famille. Quoi qu’il en soit, Pierre Perret demeure un personnage unique : un poète du quotidien, un artiste immense, mais aussi un homme qui a porté en silence une douleur indicible.