Francis Huster, confidences d’un père et d’un homme amoureux
Il y a quelques jours, à l’occasion d’une interview accordée à Paris Match, Francis Huster s’est livré avec une sincérité rare sur un sujet qui lui tient profondément à cœur : ses filles.
Le comédien, figure emblématique du théâtre et du cinéma français, a évoqué les liens qu’il entretient avec elles, reconnaissant, avec une certaine humilité, que ces relations n’ont pas toujours été simples ni pleinement nourries par sa présence. Pris dans le tourbillon incessant de son métier, il admet avoir manqué parfois l’essentiel.
Francis Huster est le père de deux jeunes femmes nées de sa relation passée avec la comédienne italo-brésilienne Cristiana Reali, qu’il a aimée passionnément. L’aînée, Elisa, voit le jour en 1998. Son prénom, délicatement choisi, rend hommage à l’iconique actrice Elizabeth Taylor. Cinq ans plus tard, en 2003, naît Toscane, la cadette, au prénom poétique et évocateur de terres baignées de lumière.
Dans les colonnes de Paris Match, l’acteur explique sans détour : « Je n’ai jamais eu un rapport parfait à chaque étape de leur vie. J’ai eu le même âge qu’elles ; je suis un père copain, mais en admiration devant mes filles. » Derrière ces mots, on devine la tendresse d’un homme admiratif, mais aussi la lucidité de celui qui sait que son métier l’a parfois tenu éloigné.
Après leur séparation, Francis Huster et Cristiana Reali ont fait un choix important : ne pas instaurer de garde alternée. Un choix motivé par la volonté de la mère d’offrir à ses filles un foyer stable, unique, sans va-et-vient permanents. Les deux jeunes filles ont ainsi grandi principalement auprès de leur maman, mais avec la fierté constante de leur père.
Aujourd’hui, Francis Huster regarde ses filles avec admiration et un certain émerveillement devant la liberté de la nouvelle génération. « Mes filles n’ont pas suivi mes traces. Toscane est plasticienne et Elisa est scientifique. Moi, je veux qu’elles soient heureuses », confie-t-il, soulignant que leur épanouissement prime sur tout autre accomplissement.
Leurs parcours témoignent d’une ouverture au monde qui dépasse les frontières. Dans un article du Journal du Dimanche paru en 2021, on apprenait qu’Elisa avait choisi de partir vivre à São Paulo, au Brésil, pour perfectionner son portugais et passer les concours des écoles de journalisme sud-américaines.
Une aventure linguistique et culturelle ambitieuse, reflet d’un esprit curieux et déterminé. De son côté, Toscane optait pour un cursus d’art et de langues en Angleterre, poursuivant sa voie dans la création et l’expression plastique. Les deux sœurs ont ainsi pu explorer différents univers avant de tracer leur propre chemin.
Si Francis Huster parle aujourd’hui avec autant de sincérité de son rôle de père, il n’évite pas non plus de se confier sur un autre aspect central de sa vie : l’amour. Aux côtés de Michel Leeb, avec qui il s’apprête à partager l’affiche d’une nouvelle pièce de théâtre, il assume pleinement avoir été « un homme très amoureux ».
Dans ses souvenirs comme dans ses propos, on retrouve l’empreinte de grandes histoires passionnelles. On lui connaît notamment une relation marquante avec Isabelle Adjani, icône du cinéma français, ainsi qu’avec la réalisatrice et scénariste Nina Companeez, figure majeure de la culture.
Son métier, pourtant source de bonheur et d’accomplissement, a aussi été l’ennemi silencieux de ses relations. « Je rentrais à deux heures du matin, je travaillais la nuit, je partais en tournée, en tournage… Quand je jouais avec elle, c’était le bonheur. Mais quand on était éloignés, la rupture était inévitable », raconte-t-il avec une franchise teintée de nostalgie.
Il l’admet sans détour : dans sa vie professionnelle, il est souvent tombé amoureux de ses partenaires, que ce soit sur scène ou à l’écran. Un mélange de fiction et de réalité, où les émotions du jeu s’entremêlent parfois dangereusement avec celles de la vie réelle. « Que ce soit dans mes films ou dans mes pièces, je suis toujours tombé amoureux d’une partenaire », conclut-il, comme pour assumer cette part de lui qui vit et aime intensément.
L’interview révèle ainsi deux visages de Francis Huster : celui de l’acteur passionné, prêt à se donner corps et âme à son art, et celui du père, conscient de ses absences mais animé d’une fierté sans borne pour ses filles. Entre ces deux dimensions se dessine le portrait d’un homme complexe, sensible, et profondément humain.
Pour lui, la réussite ne se mesure plus en nombre de pièces jouées, de films tournés ou de prix remportés. Elle se mesure aujourd’hui au bonheur de ses filles, à leur indépendance et à leur liberté. Elisa, dans son engagement vers le journalisme, et Toscane, dans sa création artistique, incarnent à leurs yeux une réussite qui dépasse la sienne : celle d’avoir su, malgré les absences et les distances, transmettre la force de suivre ses rêves.
L’histoire de Francis Huster et de ses filles est aussi celle de nombreuses familles où les contraintes professionnelles, les choix de vie et les aléas sentimentaux redessinent les contours de la relation parent-enfant. Ce récit, à la fois intime et universel, montre qu’il n’existe pas de paternité parfaite, mais des liens qui évoluent, se réinventent, et parfois se renforcent avec le temps.
En se livrant ainsi, l’acteur nous rappelle que derrière l’image publique et le prestige de la carrière, il y a un homme qui doute, qui regrette, mais qui aime. Un homme qui, malgré les tourments du passé, choisit aujourd’hui de célébrer le présent et de regarder vers l’avenir avec tendresse et espoir.