David HALLYDAY : « Je veux enfin dire la vérité sur mon père »

Dans le panthéon des légendes de la musique française, le nom Hallyday résonne avec une force singulière, évoquant des stades en délire, des décennies de rock’n’roll et une icône nationale. Mais derrière l’idole, il y a l’homme, et derrière l’homme, il y a le fils. David Hallyday, porteur de ce nom à la fois lourd et lumineux, a décidé de se raconter. Loin des paillettes et du fracas médiatique, il offre dans son autobiographie, “Meilleur Album”, et au fil d’interviews poignantes, une plongée intime dans son histoire. Une histoire de musique, de filiation complexe et de résilience, où chaque note jouée est un hommage, et chaque mot écrit, une trace laissée pour ne jamais oublier.

Au cœur de cette démarche se trouve une volonté farouche de transmission. “Meilleur Album” n’est pas un simple recueil de souvenirs ; c’est un testament destiné aux générations futures de sa propre famille. Un moyen de leur dire, avec ses propres mots, qui il était, au-delà de l’artiste public. Il y raconte cette enfance surréaliste, où l’on découvre que ses parents, Johnny Hallyday et Sylvie Vartan, ne sont pas des parents comme les autres. Il se souvient de ces fans, omniprésents, qui attendaient devant chez eux, première prise de conscience d’une vie qui ne serait jamais ordinaire.

Cette vie hors-norme était rythmée par la musique. La musique comme un langage, un refuge, un point de connexion essentiel avec ce père souvent absent mais magnétiquement présent. David partage avec une émotion palpable ces souvenirs où Johnny le réveillait à l’aube, non pas pour l’école, mais pour un rituel bien plus sacré : jouer de la batterie. À 5 heures du matin, la maison vibrait au son de cet instrument que David chérit tant. Un moment de complicité brute, intense, où les mots étaient superflus. C’est dans ce bruit et cette fureur partagés que se nouait leur relation, loin des caméras et des attentes du public. C’est là que le batteur Tommy Brown, musicien de ses parents, lui transmet le virus, faisant naître une passion qui ne le quittera plus jamais.

Sa première montée sur scène, à seulement 13 ans, aux côtés de son père, fut une véritable révélation. Jouer un morceau de Chuck Berry, sentir l’énergie de la foule, partager ce moment de pure adrénaline avec Johnny… ce fut bien plus qu’un concert, ce fut une passation, un adoubement. Des années plus tard, au Parc des Princes en 1993, le trio familial se forme pour la première fois sur scène, une idée de son beau-père Tony Scotti. David à la batterie, Sylvie et Johnny au chant. Un instant magique, presque irréel, gravé dans les mémoires.

Mais la collaboration la plus emblématique reste sans conteste l’album “Sang pour sang”. L’idée du titre, soufflée par sa mère, Sylvie, résume à elle seule la puissance de ce projet. David a composé pour son père un album sur mesure, viscéral, qui deviendra le plus grand succès commercial de Johnny. Plus que les ventes de disques, David retient le temps passé ensemble, les heures en studio, la création partagée. “Le succès de cet album a renforcé notre relation”, confie-t-il, soulignant que ces moments de travail acharné étaient avant tout des moments de retrouvailles père-fils, une reconnexion profonde à travers leur passion commune.

Cependant, l’enfance de David n’a pas été qu’une symphonie rock. Elle fut aussi marquée par les silences et les manques. Il raconte avec une vulnérabilité désarmante ce souvenir d’enfance, assis devant la télévision, regardant une interview de sa mère. Il n’attendait qu’une chose, trois mots simples : “je t’aime”. Des mots qui ne sont pas venus, laissant une trace indélébile dans le cœur du petit garçon. Il évoque aussi la séparation de ses parents, un événement qu’il n’a pas vécu comme une tragédie. Habitué à l’absence d’un père constamment en tournée, il avoue avoir préféré la fin des tensions palpables à la maison à une présence conflictuelle.

Sa relation avec sa mère, Sylvie Vartan, est un pilier de son existence. Il la décrit avec une admiration infinie : une “lionne”, une “princesse”, une “souveraine” dotée d’un humour redoutable. C’est elle qui, par sa force et sa présence, l’a “sauvé de tout”. Une anecdote touchante révèle la profondeur de leur lien : à sa naissance, elle lui a chanté “Ballade pour un sourire”, une chanson qui symbolise la tendresse et la protection maternelle qui l’ont toujours entouré.

Quand vient le moment d’aborder la période sombre qui a suivi le décès de son père, David Hallyday est catégorique. “L’affaire Hallyday”, cette bataille juridique et médiatique autour de l’héritage, il la qualifie de “lâche, sale et dégueulasse”. Dans son livre, il a choisi de ne pas s’y attarder, refusant de donner de l’importance à ce qu’il considère comme une trahison des valeurs essentielles. Sa réponse n’est pas dans la rancœur, mais dans la création. Il n’est pas allé à l’exposition des objets de son père à Bruxelles. “J’ai vécu avec ces objets, je n’ai pas besoin de les revoir dans un musée”, explique-t-il, marquant sa distance avec la marchandisation du souvenir. Pour lui, l’héritage n’est pas matériel ; il est musical, émotionnel, impalpable.

Les obsèques de son père restent une blessure, un “spectacle entre deux pages de publicité”, un moment d’intimité volé et transformé en événement national. Mais même dans cette épreuve, c’est l’amour du public et la musique qui l’ont porté. C’est cet héritage-là qu’il a décidé de célébrer.

Sa tournée actuelle, “Requiem pour un fou”, est la concrétisation de cet hommage. Il la voit comme une suite logique à “Sang pour sang”, une façon de raconter leur histoire à travers ce qui les unissait le plus : la musique. Sur scène, il ne se contente pas de reprendre les tubes de son père. Il les revisite, les modernise avec respect, mêlant son propre univers à celui de Johnny. C’est un dialogue musical par-delà le temps, un projet unique et profondément personnel, qu’il sait ne faire qu’une seule fois. Chanter “Ma gueule” ou “Un cri d’amour” est pour lui une expérience forte, une manière de faire revivre la magie de ces chansons “en or”.

À travers ses mots et sa musique, David Hallyday ne cherche pas à régler des comptes, mais à rétablir une vérité : la sienne. Celle d’un fils qui, malgré une vie sous les feux des projecteurs, a réussi à construire sa propre identité d’artiste tout en honorant un héritage monumental. Il se révèle être un homme d’une grande sensibilité, un “loup solitaire” comme il se décrivait adolescent, qui a trouvé dans la musique le plus puissant des langages pour exprimer l’amour, le manque et la fierté. Son histoire est celle d’une quête, non pas de reconnaissance, mais de connexion authentique avec un père qui, même absent, n’a jamais cessé d’être son plus grand repère.

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