Lara Fabian : une voix d’or traversée par les ombres de la vie
Lara Fabian, de son vrai nom Lara Sophie Katy Crokaert, est l’une des voix les plus puissantes et émouvantes de la scène musicale internationale. Née le 9 janvier 1970 à Etterbeek, en Belgique, cette artiste au cœur multiple — belge, italienne et canadienne — a conquis le monde avec ses chansons pleines d’âme et de sincérité. Pourtant, derrière les projecteurs, les disques d’or et les millions de fans, la vie de Lara Fabian est traversée par des tristesses profondes, des blessures intimes et des pertes qui ont façonné sa sensibilité artistique hors du commun.
La plus grande tristesse de Lara ne réside pas dans un seul événement, mais dans un enchevêtrement de douleurs personnelles. L’un des coups les plus durs fut la perte soudaine de son amie très proche, la chanteuse belge Maurane, en mai 2018. Cette disparition a laissé un vide immense dans le cœur de Lara. Maurane était bien plus qu’une collègue : elle était une confidente, une sœur d’âme. Lors d’une interview émouvante, Lara confia qu’elle n’arrivait pas à croire que jamais plus elle n’entendrait sa voix. Cette peine s’est encore intensifiée lorsque, sur scène, elle devait interpréter Je t’aime, chanson liée à de nombreux souvenirs avec Maurane. Parfois, submergée par l’émotion, Lara ne pouvait aller au bout de sa performance, laissant le public finir le morceau à sa place, dans une communion poignante.
À cette douleur s’ajoute celle des amours brisés. Sa relation de 14 ans avec Rick Allison, musicien et co-auteur de ses plus grands succès, reste une blessure ouverte. Leur séparation, en 2003, a été pour Lara un véritable déchirement. « J’ai eu l’impression de perdre la moitié de mon âme », a-t-elle confié. Ce n’était pas seulement la fin d’une histoire d’amour, mais aussi celle d’une complicité artistique rare, forgée dans les débuts de sa carrière. Plus tard, sa relation avec Gérard Pullicino, père de sa fille Lou, s’est également achevée dans le silence, lui laissant d’autres cicatrices qu’elle n’a jamais totalement refermées.
Comme si cela ne suffisait pas, Lara a aussi dû faire face aux pressions écrasantes d’une carrière internationale. Polyglotte, capable de chanter en cinq langues, elle fut souvent comparée à Céline Dion, une comparaison flatteuse mais lourde à porter. En 2000, elle tente de s’imposer sur le marché américain avec un album en anglais, Lara Fabian. Malgré son immense talent, l’accueil est mitigé. Ce revers, elle le vit comme un échec personnel. « J’ai beaucoup pleuré quand j’ai compris que tout le monde n’était pas prêt à m’accepter », dira-t-elle plus tard.
Pourtant, Lara Fabian est avant tout une battante. Fille d’un père belge et d’une mère sicilienne, elle commence la musique très jeune, étudiant le chant au Conservatoire Royal de Bruxelles dès l’âge de 8 ans. En 1988, elle représente le Luxembourg à l’Eurovision avec Croire, se classant quatrième. Ce fut le début d’une ascension fulgurante. En 1991, elle s’installe au Canada, où son premier album francophone devient disque de platine, ouvrant la voie à une carrière jalonnée de succès.
Mais au-delà de ses performances, c’est dans sa fragilité assumée que Lara touche le plus. Ses chansons, comme Tout, Adagio, ou Je suis malade, résonnent d’une vérité crue, d’une émotion brute. Elle n’a jamais dissimulé ses larmes, ni les épreuves qu’elle a traversées. Son parcours est un hymne à la résilience, à la force d’avancer malgré les pertes, malgré les rêves inachevés.
Lara Fabian est bien plus qu’une chanteuse. Elle est une femme entière, une âme qui chante pour survivre, pour guérir, pour aimer. Sa plus grande tristesse ? Peut-être justement d’avoir tant ressenti, tant donné, dans un monde qui ne laisse parfois que peu de place à la vulnérabilité. Mais c’est aussi cela qui fait sa grandeur.