À 81 ans, Jimmy Page révèle les 6 guitaristes qu’il détestait le plus !
Les Conflits Musiques de Génies : De Jimmy Page à Eddie Van Halen
La scène rock des années 1970 a été marquée par des rivalités aussi légendaires que les groupes qui les incarnaient. Deux figures emblématiques du genre, Jimmy Page de Led Zeppelin et Richie Blackmore de Deep Purple, ont vu leurs tensions personnelles se refléter dans leur musique. Leur affrontement, bien que jamais véritablement public, a joué un rôle clé dans la définition du hard rock britannique. Cette guerre silencieuse entre deux géants de la guitare, symbolisait des visions opposées du rock : l’une mystique et structurée avec Page, l’autre théâtrale et explosive avec Blackmore. Leurs différences ont non seulement divisé les fans, mais ont également conduit à des affrontements encore plus acérés dans les années suivantes, en particulier avec l’arrivée d’une nouvelle génération de guitaristes comme Eddie Van Halen.
L’affrontement Page vs Blackmore : Un Duel à Mots
La rivalité entre Page et Blackmore a pris racine au début des années 1970, alors que Deep Purple et Led Zeppelin dominaient les charts. Cependant, leur style était radicalement différent. Jimmy Page, tout en étant un virtuose de la guitare, mettait un point d’honneur à l’intelligence musicale et à la structure. Ses riffs étaient influencés par le blues traditionnel et ses compositions tissées avec des arrangements complexes. À l’opposé, Blackmore était un showman. Ses performances théâtrales, où il lançait sa guitare et la brisait même parfois sur scène, étaient marquées par une énergie brute, presque destructrice. Ce contraste n’a pas échappé à Page, qui voyait dans le style de Blackmore une dérive du rock, une priorité accordée au spectacle plutôt qu’à la profondeur musicale.
Les deux guitaristes, bien que conscients du talent de l’autre, se méprisaient mutuellement sur l’approche de leur instrument. Dans les coulisses des studios de Londres, où Page et Blackmore travaillaient en parallèle, les tensions étaient palpables. Page, avec son approche méthodique de la guitare, trouvait les shows de Blackmore trop égocentriques, trop visuels, au détriment de l’âme musicale. Pour Page, la guitare était une extension de soi, un moyen de transmettre des émotions profondes, alors que Blackmore semblait plus intéressé par la mise en scène et le choc visuel.
En 1974, lorsque Page apprit que Blackmore était dans le même studio pour travailler sur un album de Rainbow, il n’hésita pas à partir. Il aurait dit, selon les témoins, “Je n’ai pas de temps pour les fêtes costumées”, soulignant sa désapprobation vis-à-vis du côté théâtral et exagéré de la performance de Blackmore. Cela marquait non seulement une rupture entre les deux musiciens, mais aussi un tournant dans la manière dont le rock allait évoluer dans les années suivantes.
L’Arrivée d’Eddie Van Halen : Une Révolution Sonore
En 1978, un nouveau venu, Eddie Van Halen, fit une entrée fracassante sur la scène du rock avec son premier album éponyme. Sa technique innovante de tapping, qu’il perfectionna pour créer des sons à la fois rapides et percussifs, allait révolutionner la manière de jouer de la guitare électrique. L’album Van Halen, notamment avec le titre “Eruption”, bouleversait les règles du jeu. Les guitaristes, jeunes et vieux, se précipitaient pour apprendre cette nouvelle technique, et les critiques accouraient pour louer ce virtuose qui redéfinissait le rock.
Mais pour Jimmy Page, ce n’était qu’une autre déviation de la voie qu’il défendait. Page, bien qu’il ait été admiré par des générations de guitaristes, n’appréciait pas l’accent mis sur la technique et la vitesse. À ses yeux, la musique devait rester une forme d’expression émotionnelle, et non une démonstration de virtuosité mécanique. Il aurait même déclaré, selon certains témoins, que le véritable jeu de guitare venait du cœur et non d’un désir de spectacle.
Page voyait Van Halen comme un produit de cette ère nouvelle, où l’ego et la performance étaient davantage valorisés que l’âme et l’harmonie. Lors d’une session à Los Angeles en 1979, Page aurait réagi avec dédain en entendant “Eruption” diffusée dans un studio. “J’en ai assez entendu de gratouillage de chambre pour toute une vie”, aurait-il marmonné avant de sortir pour fumer une cigarette. Pour Page, la scène de guitare était en train de perdre son essence profonde au profit de la virtuosité froide et technique.
L’Émergence d’Yngwie Malmsteen : Une Nouvelle ère du Shred
L’ère des guitaristes virtuoses ne s’arrêta pas avec Van Halen. Au début des années 1980, un autre nom, celui d’Yngwie Malmsteen, commença à dominer la scène du rock avec un style encore plus rapide et technique que celui de Van Halen. Avec son jeu de guitare néoclassique et sa maîtrise de l’arpeggio à une vitesse vertigineuse, Malmsteen devint l’incarnation du “shred”, une approche plus académique de la guitare, axée sur la rapidité et la précision. Pour Page, cette évolution du genre marquait un point de rupture. Il ne voyait dans ces performances qu’une démonstration mécanique, sans aucune des émotions brutes qui étaient au cœur de son propre style.
La tension atteignit son paroxysme lors du célèbre Guitar Expo de 1988, où Page assista brièvement à la performance de Malmsteen. Il quitta le lieu en murmurant à un agent de sécurité : “Je n’ai pas besoin de regarder quelqu’un faire ses gammes pendant vingt minutes.” La rivalité entre les deux guitaristes ne s’arrêta pas là, et Page n’hésita pas à critiquer publiquement la montée du shred, qu’il jugeait superficiel. Il pensait que la rapidité et la virtuosité ne devraient pas être les seuls critères de mesure du talent d’un musicien.
La Guerre de l’Authenticité : Page contre Clapton
En plus de sa rivalité avec Blackmore et les guitaristes plus jeunes, Page entretenait également une relation tendue avec Eric Clapton. Bien qu’ils aient partagé une admiration commune pour le blues, Page avait une vision bien plus ambitieuse de ce que la guitare pouvait accomplir. Clapton, avec ses riffs simples et efficaces, était pour Page un exemple de la “médiocrité” qui dominait une partie de la scène musicale. Page pensait que Clapton ne faisait que répéter les mêmes figures bluesiques, sans chercher à innover. Leur rivalité remonta à la fin des années 1960, alors que Clapton quittait les Yardbirds pour rejoindre Cream, un groupe déjà en pleine ascension. Selon Page, Clapton n’aurait pas eu les idées nécessaires pour créer sa propre musique et avait, de ce fait, reposé sa carrière sur les talents des autres.
Page aurait même qualifié Clapton de “conservateur de musée du blues”, insinuant qu’il n’avait jamais rien créé d’original dans sa carrière. Pour lui, Clapton représentait une vision figée du rock, une époque où l’on se contentait de reproduire les mêmes riffs au lieu d’explorer de nouvelles frontières musicales. Cette vision de la guitare, comme un instrument de pure émotion, se heurtait de plein fouet à l’approche plus fonctionnelle de Clapton.
Conclusion : L’Art de la Guitare selon Jimmy Page
Au fil des années, la rivalité entre Jimmy Page et ses pairs n’a cessé de révéler une vérité essentielle : pour Page, la guitare était bien plus qu’un instrument. C’était un véhicule d’émotions, un moyen de toucher les âmes. Ses rivalités, qu’elles soient avec Blackmore, Van Halen, ou Clapton, étaient avant tout des affrontements idéologiques. Page n’a jamais cherché à être le plus rapide, ni le plus technique. Il cherchait avant tout à exprimer une magie sonore profonde et méticuleusement construite, un art qui allait bien au-delà de la simple performance.