Inséparable de son violoncelle, la chanteuse de 29 ans a réalisé une prestation vocale remarquée lors des auditions à l’aveugle. Si personne ne s’est retournée, Zaz a décidé de lui accorder une seconde chance
Pour la première fois de l’histoire de « The Voice » , un talent a présenté une improvisation totale lors des auditions à l’aveugle. Avec son violoncelle, Julia Pertuy a intrigué Florent Pagny, Patricia Kaas, Vianney et surtout Zaz qui lui a accordé une seconde chance. Car au terme de sa première prestation, la Nancéienne de 29 ans n’a vu aucun fauteuil de se retourner.
Dans le troisième épisode du concours de chant produit par ITV Studios France diffusé samedi soir sur TF1, les téléspectateurs vont découvrir le second passage sur scène de la jeune artiste. Pour répondre aux attentes et à la curiosité des coachs, Julia Pertuy a repris une chanson connue du grand public. À sa manière.
LE FIGARO. – Comment passe-t-on de Belle-Île-en-Mer à la scène de « The Voice » ?
Julia PERTUY. – Je ne pensais pas me retrouver un jour dans une telle production parce que je croyais vraiment ne pas avoir un profil qui correspond à « The Voice ». Je n’ai jamais postulé pour y participer. C’est un représentant de l’émission qui était en vacances qui m’a vue lors d’un concert à Belle-Île-en-Mer le 15 août dernier où j’improvisais à la voix et au violoncelle sur les mix d’un DJ. Il m’avait dit qu’il recherchait des profils un peu atypiques avec une identité forte jamais vus auparavant dans « The Voice ».
Quelle a été votre réflexion avant d’accepter de prendre part aux castings ?
Je me suis posé plein de questions et j’ai vraiment failli refuser. Mais tout mon entourage m’a encouragée à y aller. C’était l’opportunité de montrer mon univers artistique, cela ne pouvait être que positif. Je me suis dit que ça pourrait peut-être m’apporter un peu plus de visibilité en marge du développement de mon projet artistique de chanson électroacoustique. J’étais juste curieuse de vivre cette expérience et de profiter de cette opportunité que la vie m’offrait.
Participer à « The Voice » vous permet-il de progresser de la même manière que lors de vos expériences en première partie de concerts d’artistes comme Mademoiselle K ?
Je n’ai pas du tout vécu la chose de la même façon. Je me sentais un peu plus sereine en faisant les premières parties de Mademoiselle K ou de November Ultra, je me sentais davantage en accord avec ces artistes-là que dans l’univers de « The Voice ». C’est une super expérience mais, avec ma proposition un peu particulière, je me demandais ce que je faisais là et si j’étais vraiment à ma place ? La production a été hyperbienveillante, je me suis sentie bien jusqu’au bout parce que toute l’équipe était à fond avec moi.
Y avait-il une autre option envisagée que celle de l’improvisation pour ces auditions à l’aveugle ?
Oui, la toute première fois où j’ai rencontré la production, j’ai proposé cette improvisation sur Volt de Laake qu’ils ont adoré. Donc c’est ce qui a été retenu pour les auditions à l’aveugle mais je leur avais aussi interprété C’est le temps de l’amour de François Hardy accompagné de mon violoncelle.
« Patricia Kaas m’a dit qu’elle se serait crue dans une musique de film de Hans Zimmer »
Julia Pertuy
Comment vous êtes-vous sentie sur cette scène très particulière des auditions à l’aveugle de « The Voice » ?
J’ai une espèce d’énorme bulle qui s’est créée autour de moi. Le public m’a vraiment aidée et soutenue pendant mon passage. Heureusement qu’il était là, j’ai senti un soutien incroyable, je me suis sentie portée durant cette expérience totalement inédite. J’ai eu une préparation mentale très forte, je suis arrivée sur scène en étant très concentrée. Mais au fur et à mesure de la prestation, les fauteuils ne se retournant pas, j’ai commencé à mentaliser la situation, à être moins dans ce que je faisais et moins dans le lâcher-prise.
Dans votre portrait, vous comparez votre violoncelle à un doudou qui vous rassure. Auriez-vous pu venir sur cette scène sans votre instrument ?
Je ne pense pas. À la base, je suis pianiste mais c’est vrai que ce violoncelle, dès l’instant où je l’ai eu sur scène, c’est comme si je n’étais plus seule. Cela fait tellement partie de mon identité artistique que je ne me serais pas vue présenter quelque chose à « The Voice » sans mon propre violoncelle. C’est aussi ce qui fait ma particularité.
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Qu’avez-vous retenu des remarques des coachs après ce premier passage ?
Tout est passé tellement vite que je n’ai quasiment aucun souvenir, j’ai l’impression qu’il ne s’est rien dit. La seule chose que j’ai retenue, mais qui n’a pas été diffusée à l’antenne, c’est quand Patricia Kaas m’a dit qu’elle se serait crue dans une musique de film de Hans Zimmer. J’ai trouvé ça génial ! J’ai bien évidemment retenu qu’ils voulaient m’entendre chanter avec des mots et j’ai cru devoir le faire tout de suite à la demande du public.
Combien de temps s’est-il déroulé entre votre première prestation et votre seconde chance ?
On m’a proposé de repasser le jour même mais je n’étais pas du tout prête mentalement pour la chanson. Je fais très peu de reprises dans mon répertoire, je fais surtout des compositions. Il a fallu que je choisisse quel morceau j’allais faire et il y avait plusieurs possibilités. J’avais besoin de travailler pour être sereine. J’ai eu une journée pour répéter mon morceau et je suis revenue deux jours plus tard dans une nouvelle session de tournage. Après avoir fait quelque chose de très démonstratif, une performance, j’ai eu envie d’aller dans davantage de sobriété. Je me suis rendue à ma seconde chance comme si j’allais faire un concert.
« J’ai eu un accident de train qui m’a traumatisée »
Julia Pertuy
Quel est votre parcours ?
J’ai beaucoup bougé dans ma vie, je suis originaire de Nancy, j’y ai fait mes études en scolarité aménagée au Conservatoire, en piano. Après le lycée, je suis allée faire mes études supérieures de musique à Toulouse à l’école Music’halle puis, en chant, à l’Institut supérieur des arts et du design de Toulouse. J’y ai rencontré un pianiste, Denis Badault, qui a été mon mentor et qui a pris le relais de mon père après son décès. Il était pianiste également, j’ai baigné dans la musique depuis petite, j’entendais le piano à longueur de journée. J’ai écrit ma première chanson en 2019 et, à partir de là, j’ai trouvé mon moyen de m’exprimer et je ne me suis plus arrêtée.
Comment vous êtes-vous retrouvée à Belle-Île-en-Mer ?
Après avoir eu beaucoup d’opportunités de concerts et de premières parties, j’ai traversé une période difficile en 2023 parce que j’ai perdu beaucoup de gens dans ma vie. C’était compliqué émotionnellement. J’ai eu un accident de train qui m’a traumatisée. J’ai dû annuler tous mes concerts et, du jour au lendemain, je suis partie à Belle-Île-en-Mer avec mon sac à dos et mon violoncelle. J’avais besoin de me retrouver et retrouver du sens à ce que je faisais. J’ai eu un si bel accueil là-bas que ça m’a redonné foi en ce que je faisais. J’avais perdu toute ma confiance et d’autres artistes sur l’île m’ont soutenue. Là-bas, j’ai repris goût et sens à ce pour quoi je faisais de la musique.
Que pouvez-vous dire de votre projet musical ?
Je suis allée enregistrer avec un musicien que j’aime énormément et que j’ai contacté au culot. Il m’a répondu hyper positivement. Je lui ai envoyé mes nouveaux morceaux, des démos, et il m’a tout de suite répondu en disant qu’il voulait bien me rencontrer, qu’il aimait beaucoup mon approche et ma musique. Nous avons enregistré un EP de quatre chansons qui sont les prémices de l’album qui suivra. Je dévoilerai un premier morceau le 12 mars.