La chanteuse, que l’on a découverte en 2016 dans « The Voice », donnait mercredi soir à l’Olympia son premier concert en France. Une première triomphale avec une pléiade d’invités, son mari Ibrahim Maalouf, Lara Fabian, -M-, Ycare, Madame Monsieur et Florent Pagny.
Le 30 mai 2024 à 13h54
Hiba Tawaji et Florent Pagny sur la scène de l’Olympia (Paris, IXe), le 29 mai. DR
Et soudain un homme… Mercredi soir à l’Olympia (Paris, IXe), Hiba Tawaji se lance dans une reprise d’une de ses chansons françaises préférées, « Savoir Aimer ». Une voix masculine vient alors rejoindre la sienne, puis une silhouette s’avance sur la droite. La clameur dans la salle est à la hauteur de la surprise. Immense ! C’est l’interprète du tube, Florent Pagny. On ne l’a pas vu sur scène depuis huit mois, depuis qu’il a annoncé après sa tournée d’été qu’il repartait en Patagonie pour se reposer et se débarrasser définitivement de son cancer du poumon. Toujours de cuir vêtu, il réapparaît le sourire aux lèvres, semble en pleine forme, ses cheveux ont repoussé, sa voix est sûre.
On savait depuis quelques jours le chanteur de retour à Paris pour participer ce jeudi à un concert caritatif au profit du « Bleuet de France », mais on ne s’attendait pas à le retrouver sur scène avec cette chanteuse libanaise de 36 ans, star dans son pays et encore méconnue dans le nôtre, si ce n’est des fans de la comédie musicale « Notre Dame de Paris », dans laquelle elle a interprété Esmeralda de 2016 à 2019, et des assidus de « The Voice », le télécrochet de TF 1 auquel elle a participé en 2015 et a excellé dans la team Mika jusqu’en demi-finale.
Quatre albums depuis 2014 et beaucoup de tubes
« Je suis enchantée que tu sois là, parmi nous, lui avoue-t-elle à la fin du titre. C’est un cadeau que tu nous fais. Les Libanais t’adorent, on t’adore. » « C’est un grand plaisir, lui répond Florent Pagny, qui était dans le jury de The Voice en 2015 et a donc pu juger de ses qualités vocales. J’ai toujours aimé ta voix mais j’ai toujours aussi aimé ta classe. Quand Ibrahim m’a appelé, je lui ai dit que je serai là. »
Ibrahim, c’est Ibrahim Maalouf, le trompettiste et mari d’Hiba Tawaji depuis 2020. Et le trompettiste préféré des Français n’a pas eu besoin de passer d’autres coups de fil. Même si c’est son premier concert parisien en solo, son épouse est une vedette au Moyen-Orient. « Elle est plus connue que lui chez nous », nous souffle notre voisin. Elle est produite depuis toujours et accompagnée à la composition et au piano par Oussama Rahbani, une sommité libanaise issue d’une lignée de producteurs qui ont notamment révélé la diva Fairouz, aujourd’hui âgée de 89 ans.
Depuis 2014, Hiba Tawaji a sorti quatre albums studio et deux lives, où elle chante majoritairement en arabe. Certaines chansons sont devenues des classiques au Liban mais aussi au Moyen-Orient, comme « Min Elli Byekhtar », qui parle de libération de la femme et qu’elle a interprétée, il y a quelques années, lorsqu’elle a été la première chanteuse à se produire en Arabie saoudite. « Khalass » est une autre ode au girl power, « Bghannilak ya Watani », un hommage au Liban. Elle y fait référence souvent pendant son concert, appelant à la paix et à la concorde dans une période très tendue.
« Ce soir, je suis cette fille de 15 ans qui écoute ses grandes chanteuses »
Autant dire qu’elle n’a besoin d’aucun invité pour remplir l’Olympia, ni de son mari pour réunir ses invités. Et ils tombent comme la pluie en ce mois de mai. Accompagnée de huit musiciens et quatre choristes, elle est d’abord rejointe par Madame Monsieur, le duo qui représentait la France au concours de l’Eurovision en 2018, qui a assuré aussi la première partie du concert, puis par le chanteur Ycare, lui aussi d’origine libanaise, pour un joli duo sur sa composition « les Cèdres », qu’ils avaient déjà partagé sur l’album de ce dernier.
Matthieu Chedid fait bondir la salle lorsqu’il déboule avec sa guitare. Le « frère » artistique d’Ibrahim Maalouf est le témoin de mariage du couple. Le trio a déjà participé à l’Olympia en octobre 2020 à la soirée solidaire « Unis pour le Liban », orchestrée par le trompettiste après l’explosion qui avait dévasté Beyrouth trois mois plus tôt. Ce mercredi soir, Hiba Tawaji et -M- interprètent ensemble une chanson rare de ce dernier, « le Radeau », puis un hommage à la capitale libanaise et au peuple libanais, « Mappemonde ». Un titre pop décidément très efficace, qu’ils finissent avec Ycare et Madame Monsieur.
« Je réalise un rêve, avoue Hiba Tawaji. Cela fait dix-sept ans que je fais ce métier mais, ce soir, je suis cette fille de 15 ans qui écoute dans sa chambre ses grandes chanteuses. » Elle enchaîne avec « Broken Wow », un tube de Lara Fabian en anglais lorsque, dernière surprise, surgit l’artiste canadienne. Magnifique joute vocale, généreuse, amicale, achevée par une longue accolade. « Ta présence est un cadeau, et je voulais te donner un cadeau en retour », annonce Hiba Tawaji à son invitée. Elle va chercher une photo prise à Beyrouth dans la loge de Lara Fabian. « J’avais 15 ans et tu étais mon idole. Ce soir, je voulais te dire que Je t’aime ». Sans surprise, cette fois, elles reprennent le plus grand tube de Lara Fabian, avec la trompette Ibrahim Maalouf en accompagnement final.
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Son interprétation formidable des « Moulins de mon cœur » en arabe et français est magnifique et fait lever l’Olympia de bonheur. Les youyous montent. Le public est debout jusqu’à la fin. Les rappels sont dansants, souriants. Hiba Tawaji reprend trois de ses tubes, « Awwal Ma Cheftou », « Zaman » et « Balad El Tanaod », avec la chorale francophone Sankofa. Après deux heures sans temps mort, le show finit dans la fête et la liesse, avec tous ses invités réunis autour d’elle. Sa première française a été un succès. Gageons que ce n’est pas la dernière.