Illa, ex-candidate de The Voice, brise le silence : 14 heures en garde à vue, menaces et violences policières
En 2022, le public découvrait Illa sur la scène de The Voice saison 11, dans l’équipe de Vianney. Sa voix singulière et son énergie avaient marqué les téléspectateurs. Mais, derrière l’image de la chanteuse, un drame personnel s’est déroulé quelques mois plus tard. Un soir, alors qu’elle rentrait tranquillement chez elle en Vélib, elle affirme avoir vécu l’un des épisodes les plus traumatisants de sa vie : une interpellation brutale par trois policiers, suivie de plus de quatorze heures de garde à vue.
Aujourd’hui, elle décide de témoigner publiquement pour dénoncer ce qu’elle décrit comme des violences policières, mêlées de sexisme et de racisme.
Un trajet ordinaire qui vire au cauchemar
Tout commence par une scène banale. Illa circule à vélo dans Paris. Sur sa gauche, elle aperçoit une voiture de police qui roule lentement, sans gyrophare ni sirène. Estimant être dans son droit, elle maintient sa trajectoire — elle arrive de la droite et a donc la priorité. Quelques mètres plus loin, les avertisseurs lumineux s’allument. La chanteuse s’écarte aussitôt pour les laisser passer. Mais, à sa grande surprise, la voiture s’arrête à sa hauteur.
Trois hommes armés sortent du véhicule et se dirigent vers elle.
Le ton monte rapidement : les policiers l’accusent d’un refus de priorité. Illa tente de se défendre calmement. « J’ai eu 40/40 au code », explique-t-elle poliment, certaine de n’avoir commis aucune infraction. Les agents réclament alors ses papiers, qu’elle leur remet sans résistance.
L’escalade de la violence
L’échange aurait pu s’arrêter là. Mais selon Illa, les policiers lui ordonnent de les suivre au commissariat. Elle accepte, à condition de prévenir un proche. C’est à ce moment que la situation bascule : l’un des agents ordonne à un collègue de lui saisir son téléphone. Le geste est brutal, son vélo est jeté à terre.
Les policiers lui tordent les bras pour la menotter derrière le dos. Les menottes, trop serrées, lui laisseront des ecchymoses. Terrorisée, elle se retrouve assise à l’arrière du véhicule, encerclée par trois hommes.
À cet instant, la peur prend le dessus. Illa confie avoir redouté que ses agresseurs ne franchissent une limite encore plus grave. « Ça a été les minutes les plus longues de ma vie », écrit-elle, encore bouleversée.
Des propos sexistes et humiliants
En route vers le commissariat, les remarques sexistes fusent, alimentant la peur et l’humiliation. Arrivée sur place, un rayon d’humanité apparaît brièvement : une jeune policière la prend à part et lui glisse à voix basse que ses collègues ne sont pas à leur premier coup d’essai. « Je suis désolée… Ils font ça pour t’emmerder. Ils vont te relâcher, il ne va rien se passer », lui souffle-t-elle, avant de la remettre aux trois agents.
Mais la libération annoncée ne viendra pas tout de suite. Illa est placée en garde à vue dans une cellule où se trouvent « que des hommes complètement drogués et bourrés ». Elle subit leurs insultes racistes et leurs menaces, tandis que ses demandes de changement de cellule sont ignorées.
L’humiliation jusqu’au bout
L’un des moments les plus marquants de son récit survient lorsqu’elle demande l’autorisation d’aller aux toilettes pour changer sa protection hygiénique. Les policiers éclatent de rire et lancent : « Bah t’as qu’à te changer devant nous. » Pour Illa, c’est l’ultime humiliation. Elle se sent privée de toute dignité et de tout droit élémentaire.
La garde à vue dure 14 heures. Quatorze heures pendant lesquelles elle reste dans l’angoisse, isolée, sans possibilité de contacter un proche, sans information claire sur la suite.
La rencontre avec le commissaire : un mur de silence
À sa sortie, Illa décide de ne pas se taire. Soutenue par son père, elle se rend au commissariat pour demander des explications et envisager une plainte. Mais le commissaire qui la reçoit lui fait rapidement comprendre qu’elle n’obtiendra rien.
Selon ses dires, l’officier lui déclare : « Ce sera toujours votre parole contre celle des policiers. Et la parole de policiers est acte de vérité, sauf si vous prouvez qu’ils mentent. »
La chanteuse réclame alors les images des caméras de surveillance et celles des caméras embarquées. Réponse : les premières « ne marchaient pas » et les secondes ne lui seront pas communiquées. Illa réalise qu’elle se heurte à un système verrouillé.
Un témoignage pour briser le silence
Face à ce qu’elle considère comme une arrestation abusive et des violences policières caractérisées, Illa choisit de rendre son histoire publique. Son message, posté sur les réseaux sociaux, devient viral. Les réactions se multiplient, entre indignation et soutien.
Pour elle, il ne s’agit pas seulement de son cas, mais d’un problème plus large : « Déjà qu’on est en sécurité nulle part, maintenant, je peux pousser ce sentiment d’insécurité encore plus loin. Il s’étend aussi à ceux qui sont censés nous protéger. »
Elle dénonce ouvertement un système gangréné par « le sexisme et le racisme », et espère que son témoignage pourra, un jour, servir de référence pour que justice soit rendue à d’autres victimes.
Le poids du traumatisme
Depuis cet événement, Illa vit avec les séquelles psychologiques. Les images de cette nuit, les paroles humiliantes, la sensation d’impuissance… tout reste gravé. Sa confiance envers les forces de l’ordre est brisée.
Elle confie avoir hésité longtemps avant de raconter son histoire, par peur de représailles ou d’être accusée de mensonge. Mais l’injustice ressentie et l’absence de réparation ont fini par la pousser à parler.
Et maintenant ?
La question demeure : y aura-t-il une suite judiciaire à cette affaire ? Illa évoque la possibilité d’une plainte auprès de l’IGPN, mais sait que le chemin sera semé d’embûches. Le commissaire l’a prévenue : la parole d’un policier « vaut vérité », à moins de preuves irréfutables. Or, les vidéos, qui auraient pu jouer ce rôle, sont inaccessibles ou inexistantes.
Ce témoignage met en lumière un problème plus large de transparence et de responsabilité au sein de certaines unités policières. Les affaires de ce genre, où la parole d’un citoyen s’oppose à celle d’agents assermentés, soulèvent la question de la confiance dans les institutions.
Un cri d’alerte
Au-delà de sa propre histoire, Illa veut que son récit serve d’alerte. Elle parle pour celles et ceux qui, comme elle, ont pu se retrouver en position de faiblesse face à des forces censées les protéger. Elle rappelle que les abus, lorsqu’ils ne sont pas sanctionnés, participent à nourrir un climat de méfiance et de peur.
Son message final résonne comme un avertissement : tant que ces comportements ne seront pas condamnés, aucune sécurité réelle ne sera garantie.
Et pour une artiste qui a un jour captivé le public par sa voix, c’est aujourd’hui son témoignage qui, espère-t-elle, trouvera un écho.