Koh-Lanta 2018 : les dessous d’un tournage avorté et d’une affaire toujours en suspens
C’est un épisode sombre de l’histoire de Koh-Lanta que TF1 et Adventure Line Productions auraient sans doute préféré effacer de la mémoire collective. Pourtant, sept ans plus tard, l’affaire refait surface, ravivant les souvenirs d’une saison qui n’a jamais vu le jour.
En mai 2018, l’équipe de production, les candidats et les techniciens sont en plein Pacifique pour tourner une nouvelle édition du célèbre jeu d’aventure. Mais après seulement quelques jours, le verdict tombe : le tournage est suspendu, puis définitivement annulé. La cause ? Une accusation d’agression sexuelle portée par une candidate, Candide Renard, fille de l’entraîneur de football Hervé Renard, contre un autre aventurier, Eddy Guyot.
Une nuit qui a tout changé
Candide Renard affirme s’être réveillée en pleine nuit alors qu’Eddy Guyot l’embrassait et la touchait sous ses vêtements. Des faits graves, que l’accusé a toujours niés. Mais en novembre 2022, l’affaire franchit un nouveau cap : Eddy est mis en examen. Depuis, l’instruction suit son cours, sans qu’aucun procès n’ait encore eu lieu.
Pour les autres aventuriers, cette interruption brutale a été vécue comme un choc. Des années de préparation, de rêves d’épreuves mythiques et d’aventures intenses… balayés en quelques heures. La production, elle, demande aux participants de garder le silence. Mais avec le temps, les langues commencent à se délier.
Révélations explosives d’un candidat
Invité sur YouTube dans l’émission Claym & Co, Hervé Comte, candidat de cette saison avortée, a livré sa vérité sur les coulisses. Selon lui, le comportement d’Eddy Guyot posait problème bien avant le départ :
« Il était ingérable », lâche-t-il, affirmant même que la production avait envisagé à deux reprises de l’écarter avant le tournage.
« Ils ont voulu l’écarter… et puis finalement, ils l’ont gardé parce qu’il allait faire le buzz », poursuit-il, comparant Eddy à Moundir, figure emblématique de Koh-Lanta en 2003.
Si ces propos sont exacts, la décision de le maintenir dans le casting, motivée par des raisons d’audience, aura coûté très cher à l’émission, en termes d’image et de crédibilité.
Des débuts prometteurs mais tendus
Pourtant, tout semblait bien parti. Les 21 candidats avaient ouvert le jeu par une épreuve emblématique : les poteaux dès leur arrivée, afin de désigner les chefs d’équipe. Sam Haliti, Charlotte et Jimmy Desroches s’étaient distingués lors de ce défi inhabituel placé en ouverture.
Mais très vite, la météo s’en est mêlée : six jours bloqués à l’hôtel, sans contact extérieur, ont exacerbé la tension et l’ennui. Quand l’aventure a enfin commencé, l’énergie des candidats était mitigée entre excitation et nervosité.
Chez les Jaunes, la première épreuve d’immunité est perdue, mais ils remportent celle de confort. Lors du premier conseil, Sylvie, doyenne de l’aventure, est éliminée. Coup de théâtre : elle réintègre rapidement le jeu, cette fois dans l’équipe des Rouges, suite à l’abandon de Sam sur blessure.
Alain Lecluse, un autre candidat jusqu’ici resté discret, se souvient :
« Sportivement, le casting était solide, la saison promettait de belles choses. »
Mais dans la nuit du quatrième au cinquième jour, tout s’écroule.
Un communiqué sec et une affaire judiciaire
Le 11 mai 2018, Adventure Line Productions publie un communiqué :
« Un événement extérieur au jeu est survenu entre deux concurrents… Il était impossible de poursuivre dans des conditions suffisamment sereines. »
Alexia Laroche-Joubert, alors présidente d’ALP, précise qu’une candidate a rapporté des faits « susceptibles de relever d’une agression sexuelle », tout en indiquant que le candidat concerné conteste formellement.
De retour en France, Candide Renard porte plainte. L’affaire est confiée au parquet de Nancy. Le 16 novembre 2022, Eddy Guyot est mis en examen. En mars 2024, sa demande d’annulation est rejetée. Depuis, silence radio sur le plan judiciaire : ni procès, ni acquittement, ni condamnation. Candide reste dans l’attente d’une conclusion.
Un impact durable sur l’émission
Cette saison annulée reste un point noir dans l’histoire de Koh-Lanta. Elle a renforcé les interrogations sur la sélection des candidats et sur les décisions éditoriales prises au nom du « buzz ».
L’émission, qui reste un pilier de TF1, a depuis enchaîné les saisons, mais avec des audiences parfois en dents de scie. La dernière, remportée par Gaëlle, n’a pas atteint les espérances de la chaîne. TF1 a d’ailleurs choisi de garder en réserve la prochaine édition, déjà tournée, jusqu’à l’année prochaine.
Et pour tenter de raviver l’enthousiasme, la suivante sera spéciale : Koh-Lanta fêtera ses 25 ans avec le retour d’anciens aventuriers marquants. Les fans, eux, sont déjà impatients.
Un dossier judiciaire toujours ouvert
Sept ans après les faits présumés, l’affaire n’est toujours pas jugée. Les conséquences humaines, médiatiques et judiciaires restent considérables. Entre les accusations, les dénégations, les révélations tardives et les silences imposés, cette saison maudite de Koh-Lanta continue de nourrir les débats sur les coulisses de la télé-réalité et la responsabilité des productions.
Un élément reste certain : qu’importe la décision finale de la justice, cette édition avortée restera dans les annales, non pas pour ses exploits sportifs ou ses épreuves mythiques… mais pour un drame qui a stoppé net l’aventure.