Clash Pierre Perret à Rima Hassan : «Ton combat ne rime à rien»

Pierre Perret, le trublion éternel de la chanson française

À 89 ans, Pierre Perret n’a rien perdu de son mordant. Connu depuis des décennies pour ses chansons populaires, tantôt tendres, tantôt satiriques, l’artiste a toujours cultivé une liberté de ton qui force l’admiration autant qu’elle suscite la polémique. Cette fois-ci, ce n’est pas une mélodie qui a secoué l’opinion publique, mais un poème virulent, publié le 6 juin sur les réseaux sociaux, directement adressé à la militante politique Rima Hassan.

D’abord posté sur X (anciennement Twitter), le texte a été rapidement supprimé. Mais la machine numérique ne pardonne rien : l’écrit est resté accessible sur Facebook, largement relayé et commenté, provoquant une tempête médiatique.

Un texte au vitriol

Les mots choisis par Pierre Perret sont d’une violence rare. Loin de la poésie légère à laquelle certains l’associent, le chanteur déploie un vocabulaire cru et sans détour :

« Mes fidèles Loulou, attention ayez en grande précaution les folles élucubrations d’une passionnariat en carton… »

Puis il enfonce le clou, s’attaquant directement à Rima Hassan :

« Sais-tu pourquoi, Rima Hassan, en tes veines dépourvues de sang circule un jus nauséabond ? C’est parce qu’il n’est que du poison. »

Enfin, il conclut d’un trait cinglant :

« Tu crois faire de la résistance ? Tu ne résistes qu’à l’intelligence… Ton combat ne rime à rien. »

Ces vers, mêlant ironie, attaque ad hominem et dénonciation politique, ont immédiatement mis le feu aux poudres.

Une déferlante de réactions

Sur les réseaux sociaux, les réactions ne se sont pas fait attendre. D’un côté, certains internautes et personnalités publiques ont dénoncé une attaque violente, « indigne » d’un artiste respecté. Pour eux, Perret aurait franchi une ligne rouge, transformant la satire en règlement de comptes personnel.

De l’autre, ses fidèles admirateurs saluent « le courage » et « le franc-parler » d’un chanteur qui, depuis toujours, dit « tout haut ce que d’autres pensent tout bas ». Pour eux, cette sortie n’est qu’une nouvelle preuve de son indépendance d’esprit et de son refus de se soumettre au politiquement correct.

La figure de Rima Hassan

Cible de ce poème enflammé, Rima Hassan est une militante politique bien connue, avocate de formation et voix montante sur la scène publique française. Ses prises de position, notamment sur le conflit israélo-palestinien et les questions liées au Moyen-Orient, divisent fortement. Pour ses partisans, elle incarne une parole courageuse et engagée ; pour ses détracteurs, elle symbolise un discours jugé parfois radical.

C’est précisément cette polarisation qui explique l’ampleur du débat : en s’attaquant à elle, Pierre Perret ne vise pas seulement une personne, mais un symbole qui cristallise déjà les tensions de l’opinion publique.

Une question de génération ?

Au-delà du clash direct, certains observateurs soulignent un choc générationnel. Pierre Perret, enfant d’une époque où l’art satirique servait de contre-pouvoir, défend une liberté de ton héritée de Brassens et de la chanson contestataire. Ses mots, aussi durs soient-ils, s’inscriraient dans une tradition de provocation artistique.

Mais dans une société actuelle hyperconnectée, où chaque mot peut être amplifié et déformé, cette liberté est perçue différemment. Ce qui hier pouvait passer pour de la « gouaille » ou du « franc-parler » est aujourd’hui jugé comme de la violence verbale.

Trop loin ou simple franchise ?

La question divise. Pierre Perret a-t-il dépassé les limites ? Pour certains, oui : ses propos seraient non seulement blessants mais inutiles, jetant de l’huile sur le feu dans un climat déjà tendu. Pour d’autres, non : il ne ferait qu’user de son droit à la critique et à l’ironie, une marque de fabrique de toute sa carrière.

Dans les médias, les débats se multiplient. Certains éditorialistes rappellent que l’artiste a toujours manié la plume comme une arme, fustigeant les travers de la société avec la même virulence. D’autres, au contraire, estiment que cette fois, la cible choisie et la dureté des mots franchissent un cap inédit.

Quand l’art devient politique

Cet épisode illustre une tension fondamentale : où s’arrête la liberté artistique et où commence la responsabilité publique ? Les poètes, chanteurs et écrivains doivent-ils être jugés selon les mêmes standards que les politiques ou les journalistes ? Ou au contraire, leur rôle n’est-il pas précisément de bousculer, de choquer, d’interroger ?

À 89 ans, Pierre Perret semble, lui, ne pas vouloir céder un pouce de sa liberté. Quelles qu’en soient les conséquences médiatiques, il revendique le droit de s’exprimer sans filtre, quitte à froisser.

Une polémique révélatrice

En définitive, cette affaire dépasse le simple cadre d’un poème. Elle révèle une fracture plus large : celle d’une société française partagée entre attachement à la liberté d’expression et souci de protéger les individus des attaques personnelles.

Pierre Perret, lui, continue de jouer son rôle de provocateur. Pour ses détracteurs, il sombre dans l’acharnement gratuit ; pour ses admirateurs, il demeure ce poète libre qui, même à la veille de ses 90 ans, refuse de se taire.

Conclusion : l’éternel débat

Pierre Perret a-t-il été trop loin ? Ou a-t-il simplement mis des mots sur ce que certains murmurent à voix basse ? La réponse dépendra sans doute du regard que l’on porte sur la fonction de l’artiste : troubadour irrévérencieux ou citoyen responsable.

Une chose est sûre : à 89 ans, le chanteur a réussi à rappeler une vérité intemporelle — la poésie, même cruelle, possède encore le pouvoir de faire trembler les foules.