Catherine Lachance : adieu à une grande dame de la Comédie-Française
Le 27 septembre dernier, le monde du théâtre, du cinéma et de la télévision française a perdu une figure discrète mais essentielle : Catherine Lachance, comédienne aux multiples talents, s’est éteinte à l’âge de 78 ans, quelques jours seulement après avoir célébré son anniversaire. Sa disparition, des suites d’un cancer, a suscité une vive émotion, tant chez ses collègues que parmi les spectateurs qui l’ont suivie durant plusieurs décennies.
Catherine Lachance, ce n’était pas forcément un nom que l’on entendait à la une des journaux ou des plateaux de télévision. Et pourtant, pour ceux qui aiment le théâtre, pour ceux qui connaissent la Comédie-Française, elle incarnait la solidité, la justesse et la passion.
Membre respectée de cette prestigieuse institution, elle avait su imposer sa présence dans un monde artistique souvent dominé par les têtes d’affiche. Second rôle ? Peut-être, mais rôle essentiel, toujours. Sa capacité à se fondre dans un personnage, à soutenir la scène sans jamais chercher la lumière pour elle seule, en faisait une actrice d’une rare élégance.
Sa carrière a été marquée par une grande diversité de registres : du théâtre classique aux comédies légères, du drame contemporain aux apparitions télévisuelles, Catherine Lachance a su adapter son jeu aux exigences de chaque époque et de chaque format. À la télévision, on l’a vue dans de nombreuses fictions, souvent dans des seconds rôles mais toujours avec cette finesse d’interprétation qui laisse une trace.
Au cinéma, elle a donné la réplique à des géants du septième art : Alain Delon, Jean-Paul Belmondo, Francis Huster, ou encore Brigitte Bardot. Son humilité, sa discrétion, mais aussi sa présence magnétique, faisaient d’elle une partenaire de jeu appréciée de tous.
Parmi ceux qui ont tenu à rendre hommage à sa mémoire, le comédien Pierre Richard a publié un message particulièrement touchant sur Twitter. Les deux artistes avaient partagé l’affiche du film Je suis timide… mais je me soigne, une comédie culte qui reste dans les mémoires.
Dans son message, Pierre Richard décrit Catherine Lachance comme une femme “pétulante, débordante de vie et de rire”, avant de conclure avec une tristesse palpable : “En fait, pour la tristesse… et voilà qu’elle nous rend tristes.” Une phrase courte, simple, mais d’une profonde humanité, à l’image de leur relation artistique et amicale.
Au fil des années, Catherine Lachance avait su gagner le respect de ses pairs, non pas par des éclats ou des coups d’éclat médiatiques, mais par un travail rigoureux, une passion sincère pour le théâtre, et une capacité rare à faire exister chaque personnage, qu’il soit central ou secondaire.
Ceux qui l’ont connue dans les coulisses parlent d’elle comme d’une femme généreuse, vive, dotée d’un humour parfois mordant mais jamais méchant. Elle avait cette manière de mettre à l’aise, de créer du lien, de rassembler sans jamais s’imposer.
Au-delà de son métier, Catherine Lachance était aussi une femme de convictions, engagée dans la défense de la culture, du théâtre vivant, et de la transmission des savoirs. Elle croyait à la nécessité de former les jeunes générations, d’ancrer le théâtre dans la vie réelle, de ne pas le laisser devenir un objet figé, élitiste ou poussiéreux. C’est cette vision du théâtre comme lieu de rencontre, d’émotion partagée, qu’elle défendait à travers chacun de ses rôles.
Sa maladie, elle l’a vécue dans la plus grande discrétion, fidèle à son tempérament. Peu savaient qu’elle se battait contre un cancer. Elle ne voulait pas que cela définisse son image, ni qu’on la réduise à une personne souffrante. Jusqu’au bout, elle est restée digne, élégante, pudique. Ceux qui l’ont côtoyée ces derniers mois parlent d’un courage silencieux, d’une force intérieure impressionnante. Elle ne se plaignait pas, elle continuait à s’intéresser au monde, à ses proches, aux créations théâtrales, aux jeunes comédiens qu’elle encourageait encore.
Son départ laisse un vide dans le paysage culturel français. Mais plus encore, il laisse une absence humaine, une chaleur, une énergie que rien ne remplace. Car Catherine Lachance n’était pas simplement une actrice : elle était une présence, une de ces âmes qui, même en silence, marquent une époque, une génération.
Alors que les hommages se multiplient, que les anciens partenaires de scène, les jeunes comédiens formés à son contact, les metteurs en scène, les spectateurs fidèles, tous expriment leur gratitude, une chose revient souvent : la joie. Oui, Catherine Lachance, c’était la joie de jouer, la joie de transmettre, la joie d’être vivante. Et c’est peut-être cela qu’elle laisse en héritage. Au-delà de la peine, au-delà de la perte, une lumière.
Son nom ne brillait peut-être pas en haut des affiches, mais dans le cœur de ceux qui l’ont aimée, elle restera une étoile constante. Une étoile discrète, mais lumineuse. Une grande dame de la Comédie-Française, qui nous rappelle que le théâtre est aussi fait de ces présences tranquilles, qui ne cherchent pas à être vues mais qui, une fois parties, laissent un silence immense.