Julien Clerc : deux ans après le drame, un hommage bouleversant à son frère Gérard Leclerc

Le 15 août 2023 restera à jamais une date sombre dans la vie de Julien Clerc. Ce jour-là, son petit frère Gérard Leclerc, journaliste reconnu et apprécié de tous, trouvait la mort dans un tragique accident d’avion. Deux ans après, le chanteur, invité de l’émission Sept à Huit sur TF1 ce dimanche 17 août, a choisi de célébrer la mémoire de ce frère tant aimé en livrant un témoignage d’une rare sincérité. Derrière la pudeur et la discrétion qui le caractérisent, Julien Clerc a ouvert son cœur pour rendre un hommage vibrant à celui qui fut à la fois un confident, un conseiller et un soutien indéfectible.

Une tragédie brutale et inattendue

Ce mardi 15 août 2023, Gérard Leclerc, alors âgé de 71 ans, prend les commandes d’un petit avion monomoteur privé. À ses côtés, deux passagères. Tous trois devaient rejoindre La Baule, où Julien Clerc se produisait en concert le soir même. Mais l’avion s’écrase en Loire-Atlantique, plongeant le monde du journalisme, les proches du journaliste et la famille Clerc dans la stupeur et le deuil.

Pour Julien Clerc, le choc est immense. Son frère cadet, son « petit frère » de quatre ans son cadet, disparaît brutalement alors même qu’il devait venir l’écouter chanter. Et pourtant, malgré l’effroi et l’immense douleur, le chanteur monte sur scène ce soir-là. Un geste que beaucoup ont interprété comme un acte de courage, mais que lui décrit autrement :

« Heureusement que j’avais ça… On m’a dit : “Quel courage vous avez eu.” Mais pas du tout. Au contraire. »

Pour Julien Clerc, chanter fut ce soir-là une forme de refuge, presque une nécessité vitale pour tenir debout face à l’indicible.

La pudeur d’un frère en deuil

Dans son entretien avec Hélène Mannarino, le chanteur confie un trait de caractère essentiel : il intériorise sa peine. Plutôt que d’exposer sa souffrance, il la garde en lui, laissant parfois le chagrin surgir à des moments inattendus :

« J’intériorise beaucoup. Je ne montre pas beaucoup ma tristesse. Par contre, ça me tombe dessus à des moments où je ne m’y attends pas. »

Cette pudeur contraste avec la personnalité de Gérard Leclerc, décrit comme un homme ouvert, gai, profondément sociable. Une différence qui explique peut-être, selon Julien Clerc, pourquoi il n’a pas toujours su lui parler comme il l’aurait voulu. Aujourd’hui, il en éprouve des regrets.

Une relation fraternelle faite de discrétion et de complicité

Entre Julien et Gérard Clerc, la relation était forte, mais discrète. Ils s’aimaient profondément, sans l’exprimer de façon ostentatoire. Gérard assistait à de nombreux concerts de son frère, toujours attentif, toujours prêt à donner son avis. Un soutien précieux pour l’artiste, qui confie avec émotion :

« Il a assisté à beaucoup, beaucoup de concerts. Il était très fan, il donnait toujours son avis. C’est très agréable quand votre petit frère aime ce que vous faites. »

Ces souvenirs, Julien Clerc les garde précieusement. Ils témoignent d’un lien fraternel solide, fait d’admiration, de respect et d’affection.

L’hommage en musique : « Saint-Nazaire »

Parce que la musique a toujours été son langage le plus intime, Julien Clerc a choisi de rendre un hommage ultime à son frère dans son dernier album, Une vie, sorti le 23 mai dernier. L’album rassemble des collaborations prestigieuses avec Serge Lama, Carla Bruni-Sarkozy, Benjamin Biolay, Didier Barbelivien ou encore Gaëtan Roussel.

Mais c’est à l’auteur Paul Ecole que le chanteur a confié l’écriture de la chanson Saint-Nazaire, un titre particulièrement émouvant qui évoque directement la mémoire de Gérard Leclerc. Par cette chanson, Julien Clerc fait vivre son frère dans sa musique, prolonge sa présence à travers l’art et partage avec son public une part de son deuil.

Un frère admiré de tous

Dans ses mots, une évidence ressort : Gérard Leclerc était aimé de tous. Non seulement de son frère, mais aussi de ses collègues journalistes, de ses proches, de ses amis. Homme de télévision et de radio respecté, époux de la journaliste Julie d’Europe 1, Gérard avait cette capacité à rassembler, à rayonner, à faire du bien autour de lui.

Julien Clerc, avec une émotion contenue, reconnaît ce contraste entre son frère et lui :

« Mon frère était beaucoup plus social que moi, plus sociable. Il était très gai à des moments où, moi, je peux me renfermer. »

Cette différence de caractère n’a jamais altéré leur complicité. Mais elle nourrit aujourd’hui des regrets chez le chanteur, qui confie qu’il n’a pas toujours su écouter autant qu’il l’aurait voulu.

Le poids des regrets et la force du souvenir

Dans ses confidences, Julien Clerc révèle un mélange de douleur et de reconnaissance. Douleur d’avoir perdu un frère trop tôt, dans des circonstances tragiques. Reconnaissance d’avoir eu, à ses côtés, un être d’une telle qualité humaine, un frère admiratif, exigeant et aimant.

Ce qu’il retient surtout, c’est le regard des autres sur Gérard. Car depuis son départ, il a découvert encore davantage l’empreinte que son frère avait laissée autour de lui :

« Je me rends compte depuis qu’il est parti que tout le monde l’aimait. »

Ces mots simples, teintés de pudeur, résument l’essentiel. Gérard Leclerc n’était pas seulement un frère, il était un homme qui comptait pour beaucoup, un journaliste respecté, une figure chaleureuse et généreuse.

Julien Clerc, entre mélancolie et résilience

À quelques semaines de ses 78 ans, Julien Clerc porte ce deuil avec dignité. Il n’a pas choisi de l’exposer, mais plutôt de l’intégrer dans sa vie et dans sa musique. L’entretien donné à Sept à Huit est à son image : sincère, pudique, bouleversant.

La musique demeure pour lui une planche de salut. Elle lui a permis de tenir le soir du drame, elle lui permet aujourd’hui d’inscrire dans la mémoire collective le souvenir de son frère. À travers ses chansons, et particulièrement « Saint-Nazaire », Julien Clerc offre au public une part de son intimité, une part de son chagrin.

Conclusion

Deux ans après la disparition tragique de Gérard Leclerc, Julien Clerc continue de porter en lui la douleur, mais aussi la lumière laissée par son petit frère. Entre regrets et gratitude, entre pudeur et hommage artistique, il perpétue sa mémoire à travers la musique et les mots.

Son témoignage, livré avec simplicité dans Sept à Huit, rappelle la fragilité des liens, mais aussi leur force inaltérable. Car si la mort a séparé les deux frères, l’amour et le souvenir, eux, demeurent intacts.